La légende de la fée de Montravel [Beurières (Montravel),(Puy-de-Dôme)]

Publié le 23 juin 2023 Thématiques: Bonne fée , Christianisation , Conversion , Echange d'enfant , Enfant , Enlèvement , Ermite , Fadet , Fée , Grotte , Mauvaise fée , Mort , Ruse ,

La fée et son enfant
La fée et son enfant. Source Midjourney
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Source: Grivel, Louis Jean (abbé) / Chroniques du Livradois (1852) (2 minutes)
Lieu: Montravel / Beurières (Montravel) / Puy-de-Dôme / France
Motif: F259.1: Mortalité des fées F321: Une fée vole un enfant au berceau

Vous avez vu ces gorges profondes au-dessous des ruines du vieux château, c'était autrefois l'habitation des fées. Plusieurs d'entre elles s'étaient rendues odieuses et redoutables par des vols et des enlèvements de petits enfants.

Une pauvre paysanne, à qui ces créatures malfaisantes venaient d'enlever le sien, était dans la plus grande désolation. Que n'aurait-elle pas donné pour rentrer en possession de son cher trésor! Un jour qu'elle pleurait à chaudes larmes, elle vit apparaître près de la fontaine Blanche-Fleur, la fée bienfaisante que tout le monde aimait, parce que, parmi toutes ses pareilles, c'était la seule qui se plût à faire du bien.

Blanche-Fleur dit à la mère désolée : Pauvre mère, je te plains, mais tu n'as pas long-temps à pleurer. Place bien vite à l'entrée de la caverne la plus voisine du grand rocher de petits sabots bien luisants et jaunis à la fumée, et fais cacher quelqu'un à peu de distance pour agir au moment convenable.

Ce que dit la fée bienfaisante fut fait à l'instant même. Quelque temps après, un fadou sort de la caverne, il voit les jolis petits sabots, les admire, veut les mettre à ses pieds; mais il s'embarrasse, trébuche et tombe. Aussitôt on accourt et on s'en saisit. Ce fut à la fée qui était sa mère de pleurer à son tour; alors un échange des deux enfants est proposé, et il a lieu immédiatement. Cependant les méchantes compagnes de Blanche-Fleur ne tardèrent pas à découvrir que c'était elle qui avait indiqué le stratagème qui venait d'être employé; aussi, après l'avoir maltraitée, elles la chassèrent avec dureté.

Blanche-Fleur exilée parcourait les environs, les cheveux en désordre, son doux et beau visage terni par la douleur portant son enfant entre ses bras ou sur son dos. Elle ne demandait ni n'acceptait rien pour elle, mais seulement pour lui; et quand on l'engageait à prendre quelque nourriture, elle répondait avec une expression de mélancolique tendresse : Ce qui nourrit mon enfant me nourrit!!! Pendant plusieurs jours, on n'avait point aperçu la fée bienfaisante, mais voilà qu'un matin l'ermite du bois de Boutran, allant, au premier crépuscule, bénir le Seigneur sur la montagne, vit tout à coup Blanche-Fleur se traîner à pas chancelants à ses pieds, portant son enfant, qui, comme elle, n'avait plus qu'un souffle de vie. Père, lui dit Blanche-Fleur, l'enfant et la mère vont mourir; toi, qui es l'ami de Dieu et le dépositaire de sa puissance, tu peux nous sauver pour la vie véritable, nous demandons le baptême.

Soudain, ses genoux lui manquent, elle s'affaisse sur elle-même avec son précieux fardeau. Cependant, par un effort suprême, elle trouve encore assez de force pour élever son enfant vers l'ermite et pour lui dire: Si tu ne peux me sauver, sauve le fruit de mes entrailles. Une source d'eau vive coulait en ce lieu; le vieillard de la solitude put baptiser l'enfant et la mère. Puis il ajouta : « Heureuse mère, tu vivras toujours avec ton fils de la même vie, de la vie éternelle; c'est maintenant que tu peux dire avec vérité : ce qui nourrit mon enfant me nourrit.....

Blanche-Fleur avec son jeune et vert bouton seront épanouis dans le Ciel. » Blanche-Fleur répondit par un sourire qui était encore sur ses lèvres, même après que sa vie fut éteinte.


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