Dans les montagnes près de Brecknock, il y a un petit lac auquel la tradition attribue certaines propriétés du fabuleux Avernus. Je me rappelle d'un mabinogi, ou conte mythologique, concernant cette étendue d'eau, qui semble impliquer qu'il y avait jadis un radeau flottant ; car il n'y a pas d'île ici.
Dans les temps anciens, dit-on, une porte s'ouvrait dans un rocher près de ce lac pendant un jour chaque année : je pense que c'était le jour de Mai. Ceux qui avaient la curiosité et la résolution d'entrer étaient conduits par un passage secret, qui aboutissait à une petite île au centre du lac. Les visiteurs étaient surpris par la vue d'un jardin des plus enchanteurs, garni des fruits et des fleurs les plus choisis, et habité par les Tylwyth Teg, ou famille féerique, une sorte de fées, dont la beauté ne pouvait être égalée que par la courtoisie et l'affabilité qu'ils montraient à ceux qui leur plaisaient. Ils cueillaient des fruits et des fleurs pour chacun de leurs invités, les divertissaient avec la musique la plus exquise, leur révélaient de nombreux événements futurs, et les invitaient à rester aussi longtemps qu'ils trouveraient leur situation agréable. Mais l'île était sacrée, et rien de sa production ne devait être emporté.
L'ensemble de cette scène était invisible par ceux qui se tenaient en dehors du bord du lac. Seule une masse indistincte était visible au milieu : et on observait qu'aucun oiseau ne volerait au-dessus de l'eau, et qu'une douce mélodie respirait parfois avec une douceur extatique dans la brise de la montagne.
Il arriva, lors d'une de ces visites annuelles, qu'un misérable sacrilège, au moment de quitter le jardin, mit une fleur qui lui avait été offerte dans sa poche ; mais le vol ne lui porta pas chance. Dès qu'il avait touché le sol profane, la fleur disparut, et il perdit la raison.
De cet affront, la famille féerique ne fit aucune remarque sur le moment. Ils congédièrent leurs invités avec leur courtoisie habituelle, et la porte fut fermée comme d'habitude : mais leur ressentiment fut grand. Car bien que, comme le conte le dit, les Tylwyth Teg et leur jardin occupent indubitablement l'endroit à ce jour, bien que les oiseaux gardent toujours une distance respectueuse du lac, et que quelques éclats de musique soient encore entendus parfois, la porte qui menait à l'île n'est jamais réapparue ; et depuis la date de cet acte sacrilège les Cymry ont été malchanceux.
Il est ajouté que quelque temps après cela, une personne aventureuse tenta de vider l'eau afin de découvrir son contenu, quand une forme terrifiante s'éleva du milieu du lac, lui ordonnant de cesser, sinon il noierait le pays.