La légende de Saint Gobrien [Saint-Servant (Morbihan)]

Publié le 28 janvier 2023 Thématiques: Animal , Blessure , Boeuf , Chapelle , Construction , Guérison , Impiété , Légende chrétienne , Malédiction , Origine d'une tradition , Origine d'un lieu , Origine d'un lieu de culte , Punition , Saint Gobrien , Saint | Sainte ,

La chapelle Saint Gobrien
La chapelle Saint Gobrien. Source http://chapelle.stgobrien.free.fr/index.html
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Source: Fouquet Alfred / Légendes, contes et chansons populaires du Morbihan (1857) (2 minutes)
Lieu: Chapelle de Saint-Gobrien / Saint-Servant / Morbihan / France

De la pyramide des Trente (ainsi qu'on la nomme), si l'on se dirige vers le sud-ouest, on ne tarde pas, en jetant les yeux sur la commune de Saint-Servan, à voir poindre, au bord de l'Oust, le clocher d'une chapelle dans laquelle repose, sous un grossier granit, le corps d'un saint évêque.

En l'an 720, saint Gobrien, évêque de Vannes, chassé par ses ouailles, plus païennes que chrétiennes, avait quitté cette ville en jetant sur ses habitants cette malédiction:

Vannetais, Vannetais,
A charretées vous viendrez m'vais !

et s'était retiré au lieu même où s'élève de nos jours le village qui porte son nom et la chapelle où sa mémoire est honorée; mais là, comme à Vannes, la méchanceté des hommes vint s'attacher à lui, car non seulement les gens de la contrée refusèrent de l'aider dans la construction de son ermitage et dans l'édification d'une chapelle qu'il voulait élever, plus pour eux que pour lui, mais encore ils apportèrent à ses travaux tous les obstacles qu'ils purent, et souvent ils défaisaient la nuit tout ce que le saint ermite avait fait le jour.

Saint Gobrien, privé de tout concours, et n'ayant ni charrette ni attelage pour le transport des matériaux qui lui étaient nécessaires, avait fabriqué un grossier, traîneau, sur lequel il plaçait les pierres et les bois dont il avait besoin, et attelait à ce traîneau un bœuf chétif qu'il s'était procuré pour les amener à pied d'œuvre ; mais ses persécuteurs voulurent encore le priver de cette ressource, et un jour que le saint était en prière, et que le bœuf paissait en repos, ils saisirent le pauvre animal et, pour le mettre hors de service, ils le blessèrent grièvement, en lui enlevant un lambeau de chair à la culotte.

Indigné et poussé à bout de patience, le saint invoqua Dieu et lui demanda vengeance des maux qu'il avait soufferts de toute part, et Dieu l'exauça; le feu ardent atteignit et décima les habitants de Vannes; et les méchants voisins qui l'avaient tourmenté subirent la peine du talion en portant eux-mêmes une plaie comme le bœuf et au même lieu.

Saint Gobrien voulut bien guérir les habitants de Vannes qui allèrent le trouver à charretées, comme il l'avait prédit; mais jamais il ne pardonna aux méchants qui avaient mutilé son bœuf, et si l'on en croit la tradition religieusement conservée au pays de Josselin, les descendants de ces méchants ont un côté moins fourni que l'autre, et ne sauraient s'asseoir carrément. Aussi, de nos jours encore, quand nos paysans veulent plaisanter les gars de Saint-Servan et de Trégranteur, ils mettent la main..... quelque part et leur jettent en riant le nom de saint Gobrien.

Dieu nous préserve des vengeances d'un saint!

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Source: Sébillot Paul / Petite légende dorée de la Haute-Bretagne (1897) (moins d'1 minute)
Lieu: Chapelle de Saint-Gobrien / Saint-Servant / Morbihan / France

C'est à une punition céleste que les gars de Saint-Servant dans le canton de Josselin, doivent d'être privés de leurs sietons [fesses], racontent ceux de Campénéac et des paroisses voisines. Quand saint Gobrien, qui a sa chapelle dans la paroisse de Saint-Servant, quitta Vannes pour venir évangéliser le pays, les gens de Saint-Servant le virent arriver d'un mauvais œil, comme cela a lieu souvent pour tout hors venu qui se mêle de déranger les vieilles habitudes de chacun. Mais ce fut le comble, lorsque le saint manifesta son intention de bâtir une chapelle (qui lui fut consacrée depuis), dans l'un des plus frais vallons de la paroisse. Aussitôt, chacun de crier et répéter partout qu'en construisant un nouvel édifice, le pieux évêque voulait réduire à rien leur ancien bourg, dont les habitants, ne voyant plus venir la même quantité de monde à l'office de leur église, seraient bientôt réduits à la mendicité. Ils résolurent donc de s'en venger, et un jour que le saint évêque était occupé à charroyer de la pierre pour la construction de sa chapelle, ils profitèrent de ce que, accablé par la chaleur du jour, il avait mis quelques instants ses bœufs à se reposer à l'ombre et s'était endormi à côté d'eux, pour lui jouer un mauvais tour. S'approchant en sourdine des pauvres animaux, avec leurs faulx à la main, ils tranchèrent d'un seul coup les fesses des bœufs de saint Gobrien. Mais le saint fut réveillé aussitôt par les mugissements de son attelage, et, indigné de la méchanceté d'un peuple auquel il ne voulait que du bien, il montra aux coupables l'iniquité de leur action et leur prédit que la Providence à sa prière priverait à l'avenir tous les descendants des paroissiens de Saint-Servant de la partie du corps qu'ils avaient voulu retrancher à ses bœufs. Saint Gobrien remit alors en place le fessier à ses animaux, mais depuis ce temps, tous les Servantais durent se passer du leur.


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