La légende de la chapelle de Béléan [Ploeren (Morbihan)]

Publié le 24 juillet 2023 Thématiques: Animal , Animal choisissant un lieu , Chevalier , Croisade , Domestique | Serviteur , Miracle , Noblesse , Origine , Origine d'un lieu de culte , Prisonnier , Téléportation , Vierge ,

Chapelle Notre-Dame de Béléan
Rosescreen, CC BY-SA 3.0 , via Wikimedia Commons
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Source: Fouquet Alfred / Légendes, contes et chansons populaires du Morbihan (1857) (2 minutes)
Lieu: Chapelle Notre-Dame de Béléan (chapelle Notre-Dame de Bethléem) / Ploeren / Morbihan / France

Un sire du Garo (ne sais lequel) était parti pour la Croisade sainte (ne sais laquelle aussi), suivi de ses hommes d'armes et de son écuyer, qui devait tenir haute et ferme sa bannière dans les combats.

Mais Dieu souvent éprouve ses élus!... Au soir d'une grande bataille funeste aux chrétiens, le sire du Garo, dont les suivants avaient été occis, demeura prisonnier, ainsi que son fidèle écuyer, et les Sarrasins maudits les enfermèrent en un grand coffre pour les jeter à la mer, si, le jour venu, les prisonniers ne parjuraient leur foi.

La malice des mécréants est grande, et deux Maures bien armés veillaient auprès du coffre, dans lequel le sire du Garo et son écuyer recommandaient leurs âmes au doux Jésus, à Madame la Vierge, à tous les saints du Paradis.

O bienheureuse Notre-Dame de Bethléem, disait le noble sire, obtenez de votre fils béni notre délivrance, et je vous ferai bâtir, au Garo, une belle chapelle où vous serez toujours honorée et servie.

Chrétiens, c'est la foi qui nous sauve !... Après ce vœu fervent, que Notre-Dame entendit, les deux prisonniers s'endormirent en paix, et les deux gardiens maures, assis auprès du coffre, s'endormirent aussi.

A la pointe du jour un coq chanta, et l'écuyer, qui ne dormait plus, se hâta d'éveiller son maître, en lui disant: Oh! mon sire, ou je m'abuse fort, ou Notre-Dame nous est en aide, car je viens d'ouïr la voix du coq du Garo.

Des paysans matineux qui passaient, avisèrent alors le grand coffre et aussi les deux Maures encore endormis; ils se jetèrent sur eux, les lièrent de grosses cordes, et forçant le coffre, ils restèrent ébahis en voyant sortir leur seigneur et son écuyer, qui tous deux chantaient les louanges de Notre-Dame de Bethléem.

Pour accomplir son vœu, le sire du Garo voulut bâtir la chapelle près du château et déjà les matériaux chargés sur des charrettes arrivaient à pied d'œuvre, quand tout-à-coup les bœufs, aiguillonnés par des mains invisibles, rebroussèrent chemin et ne s'arrêtèrent qu'au lieu même où le coffre avait été miraculeusement déposé.

Le sire du Garo comprit bien que c'était en ce lieu que Notre-Dame de Bethleem voulait être servie, et ce fut là aussi qu'il édifia la chapelle qui n'est pas celle que nous voyons de nos jours, car en 1291 la Palestine était perdue pour les chrétiens, et la chapelle de Béléan est de l'an 1407.

Sans doute un descendant du pieux croisé, voulant éterniser la mémoire du miracle opéré en faveur d'un de ses aïeux, a réédifié l'antique chapelle qui s'en allait en ruine, alors qu'il reconstruisait le château du Garo, qui se ruinait aussi.


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