La légende de l'oie de Saint Rigobert [Cormicy (Marne)]

Publié le 7 mars 2024 Thématiques: Animal , Animal qui accompagne , Légende chrétienne , Oie , Saint Rigobert , Saint | Sainte ,

Eglise de Guernicourt
Eglise de Guernicourt. Source Google Street View
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Source: Poquet, Alexandre / Les légendes historiques du département de l'Aisne (1879) (3 minutes)
Contributeur: Fabien
Lieu: Eglise de Gernicourt / Cormicy / Marne / France

Nous lisons dans l'histoire de Saint Rigobert, archevêque de Reims, que ce prélat étant venu visiter Pépin, maire du palais d'Austrasie, alors que ce prince se livrait au plaisir de la chasse dans les grands bois de Gernicourt, en avait reçu un accueil des plus flatteurs. On ajoute même que Pépin, plein d'admiration pour les vertus du Saint Pontife et de reconnaissance pour la démarche qu'il venait de faire, lui avait abandonné, à la suite d'un repas champêtre dont un énorme sanglier, tué à la fontaine de Gernicourt, avait fait les frais, tout le domaine royal qui existait en ce lieu. Cette donation qui rappelle celle de Saint Remi dans les environs de Coucy, permettait aussi au Saint Archevêque d'englober à son profit tout le terrain qui serait à sa convenance pendant la sieste que le prince austrasien ferait après son repas.

A partir de ce jour, la forêt et le territoire de Gernicourt devinrent donc la propriété de Saint Rigobert et de son Eglise, et c'est dans cette pieuse solitude que le Saint Archevêque, après avoir été injustement dépouillé de son siège par Charles Martel, fils de Pépin, qu'il avait cependant tenu sur les fonds de baptême, continua d'habiter pendant de longues années.

Or, c'est pendant son séjour en village qu'il avait fondé, que se place l'épisode de son oie. Voici comment cette aventure est rapportée par son Biographe.

« Un certain jour que Saint Rigobert était venu prier suivant sa pieuse habitude. au tombeau de Saint Cyr de Cormicy, pour lui et pour son peuple. Son oraison terminée, il s'entretenait avec le vidame de l'église de Reims, nommé Vibert, qui se trouvait en cet endroit. Celui-ci le suppliait d'accepter le repas qu'il s'était fait préparer. Mais le Saint s'en excusa en disant qu'il ne pouvait accéder à son désir, parce qu'il devait célébrer la messe dans sa basilique de Saint-Pierre, (à Gernicourt.)

Sur ces entrefaites, une pauvre veuve vint apporter, comme Eulogie, une oie au vidame. Eh bien dit l'intendant, en s'adressant à l'évêque; puisque vous ne daignez pas manger avec nous, ordonnez au moins à votre domestique d'emporter cette volaille, et lorsque vous serez arrivé chez vous, vous pourrez l'accommoder selon votre bon plaisir. Le serviteur du saint homme prit donc l'oie et il l'emporta.

Mais tout à coup, comme ils arrivaient sur le chemin au sortir du bourg, l'oie s'échappa des mains du serviteur et s'envola si loin qu'il perdit tout espoir de la reprendre. La croyant perdue, le jeune garçon s'attristait et se désolait amèrement, tandis que le saint père le consolait avec sa bonté ordinaire, car il était bien le plus doux des hommes: lui remontrant qu'il ne fallait ni pleurer ni s'affliger pour la perte des biens temporels; mais au contraire espérer dans le Seigneur qui pourvoit avec abondance à tous nos besoins. Ep. de S. Jacq. ch. 1, v. 5. Quant à lui, il reprit comme de coutume. en silence, la méditation des saints cantiques; car dans tous ses voyages il n'était occupé qu'à s'entretenir avec Dieu ou à chanter ses louanges.

Et voici que quelques instants après, quand ils eurent fait quelque chemin, l'oiseau reprenant son vol dans les airs revint de lui-même s'abattre à terre sous les yeux du Saint et se mit à marcher devant lui, comme pour lui servir de guide, sans s'écarter du sentier frayé jusqu'à ce qu'ils fussent arrivés à Gernicourt où ils se rendaient. Ainsi par la vertu du saint homme s'était apprivoisé cet oiseau sauvage. Il paraît que cette oie vécut encore longtemps, précédant toujours l'homme de Dieu lorsqu'il allait à la ville et qu'il en revenait. On dit que dans sa douce et pieuse simplicité, il ne voulut jamais qu'on la tuât, mais il la laissa vivre tant qu'elle put.»


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