En 1415, Raoul de Montrichard épousa Marie de Poupet. Son bonheur fut complet pendant deux années. Après ce temps, Raoul dut quitter Marie et partir pour la guerre. Deux ans plus tard, après des combats de toutes sortes, il put enfin revenir au château de ses aïeux, où il avait laissé en pleurant son épouse bien-aimée. Suivi d'un seul écuyer, il arrive de nuit au château de Montrichard. Il se fait connaître au gardien du pont-levis et entre sans bruit dans son château. Personne ne l'attendait, car personne n'avait été averti de son retour. Il arrive bientôt à la porte de la chambre où il croyait son épouse endormie. Il espérait la surprendre doucement dans son repos. Il voulait par un chaste baiser la tirer du sommeil pour la ramener au bonheur de cette réunion. Mais, ô malheur! il surprend un amant infâme dans la couche de son épouse adultère. Dans un accès irrésistible de colère et de désespoir, il les frappe tous deux mortellement.
Puis, afin d'obtenir le pardon de cette sanglante vengeance, afin de pleurer son malheur et de gémir en paix, oublié du monde, il alla cacher sa vie dans le cloître de Notre-Dame-de-Château, dont on voit encore aujourd'hui les ruines non loin de Salins. Reçu dans la communauté, il y vécut sous le nom de père Jehan. Il s'y distingua tellement par sa piété et par la dureté des privations qu'il s'imposait, qu'à la mort du prieur il fut choisi pour le remplacer. Puis, lorsque longtemps après il passa de vie à trépas, les moines qui l'ensevelirent ne purent s'expliquer la présence d'un poignard rouillé pressé sur son corps par le cilice dont sa poitrine avait été lacérée pendant plus de quarante ans.