La légende du Val d'Amour [Ounans, Rahon, Chamblay, Parcey (Jura)]

Publié le 13 décembre 2022 Thématiques: Amour , Amour impossible , Chapelle , Château , Fleuve | Ruisseau | RIvière , Jeune fille , Jeunes gens , Mort , Naufrage , Noblesse , Noyade , Origine d'un lieu de culte , Origine d'un nom ,

Un homme sur la rivière
Un homme sur la rivière. Source Midjourney (IA)
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Source: Thuriet Charles / Traditions populaires du Jura (1877) (2 minutes)
Lieu: La chapelle d'Ounans / Abbaye Notre-Dame d'Ounans (disparue) / Ounans / Jura / France
Lieu: Château de Clairvans / Chamblay / Jura / France
Lieu: La Loue à hauteur de Parcey / Parcey / Jura / France

La Loue formait jadis un lac étroit entre deux longues chaines de rochers. Il ne reste aucun vestige de la digue qui retenait les eaux de ce lac, vu que les flots en ont roulé les débris dans le Doubs. Au reste, tous les habitants des rives de la Loue content, chacun à sa manière, l'histoire de l'amant noyé. Saint Bernard avait fondé le moutier d'Ounans sur les ruines d'une chapelle votive dédiée à la mémoire d'un damoisel victime d'un imprudent amour. Le vénérable Hilaire, archevêque de Besançon, nous a conservé cette histoire.

Cinq ou six siècles en çà, vivait à Clairvent un riche homme de Bourgogne, qui joignait la déplaisance à la fierté. Les tourelles de son château se miraient dans le lac de Loue. Il avait une fille belle à ravir et qui n'était pourtant mie glorieuse. Cette jolie pucelle aimait un gent menestreux de Montbarrey; mais Rainfroi, dur et chiche, ne voulait pas qu'elle épousât le pauvre Philippe, et la vive Alicette fut mise en étroite prison, malgré ses pleurs. Philippe alors creusa un chêne à l'aide du feu, et quand la lune était à son décours, il traversait le lac, guidé par un fanal qu'allumait la nourrice d'Alicette. Il baisait la main de sa mie à travers les barreaux de la tour et revenait content de sa soirée. Mais sa boursette s'épuisa bien vite à payer la nourrice avaricieuse. La maudite gogne souffla une nuit son cierge, et le canot mal dirigé dévala tout à fond. Philippe se noya tristement. Peu de jours après, Rainfroi passa lui-même de vie à trépas, et sa fille, libre enfin, jura de retrouver son amant mort ou vif. Elle fit rompre à Parcey la digue qui retenait les eaux du lac, et l'on retrouva en effet, à Chissey, où il avait chust, Philippe déjà tout défiguré. Alicette garda de lui perpétuelle souvenance, et bâtit la chapelle d'Ounans, où elle fut inhumée à côté de son doux ami. Dieu ayt son âme! Ainsi soit-il. »

Voilà ce que narraient les chastes Bernardines en confabulant au réfectoire.

On voit au Musée de Dole les fragments d'un canot de la plus haute antiquité, creusé à l'aide du feu et à la manière des sauvages. Ce canot a dû être enseveli sous les eaux de la Loue longtemps avant que les Gaulois fussent civilisés.

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Source: Thuriet Charles / Traditions populaires du Jura (1877) (moins d'1 minute)
Lieu: La Loue à hauteur de Parcey / Parcey / Jura / France
Lieu: Le Rougement / Rahon / Jura / France

Qui veut ouïr une chanson?
C'est une jeune demoiselle
Qui pleurait et qui soupirait,
Que son amant n'allait plus voir.

Belle, je vous irais bien voir;
Je crains de fâcher votre père.
Permettez-moi d'ouvrir la tour,
J'irai vous y voir nuit et jour.

Bel amant si vous y venez
J'y mettrai flambeau pou renseigne .
Tant que le flambeau durera
Jamais l'amour ne finira.

Le bel amant s'est embarqué
Parmi les eaux, parmi les ondes,
A mis le pied sur le bateau,
N'a plus vu ciel ni flambeau.

Le lac flottant l'a enlevé
Parmi ses eaux, parmi ses ondes.
Le lac a repris son courroux,
L'envoie accoster à la tour.

Quand la belle se réveilla,
Qu'elle mit la tête en fenêtre,
Regarde en haut, regarde en bas
Et voit son amant au trépas.

Chose cruelle que d'aimer
Quand on n'a pas celui qu'on aime.
Hier au soir j'avais un amant :
Je n'en ai plus présentement.

Je m'en irai parmi les bois,
Ferai comme la tourterelle;
Je m'en irai finir mes jours
Comme mon amant ses amours.

De la pointe de mes ciseaux.
Percerai une de mes veines
Et ferai couler de mon sang
Peur ressusciter mon amant.

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Source: Thuriet Charles / Traditions populaires du Jura (1877) (moins d'1 minute)
Lieu: La Loue à hauteur de Parcey / Parcey / Jura / France
Lieu: Le Rougement / Rahon / Jura / France

A l'extrémité occidentale du Mont-Saint, à Rougemont, il existait autrefois un château. Dans ce château demeurait une jeune demoiselle, dont les amours ont eu dans leur drame une analogie très-grande avec le mythe grec de Héro et Léandre. C'est cette légende que l'on raconte dans tout le bassin de la Loue, depuis Cléron jusqu'à Nevy, qui a fait donner à cette contrée le joli nom de Val-d'Amour. L'amant de la châtelaine de Rougemont habitait, dit-on, Germigney. Il descendait la rivière à travers ses mille circuits et ses mille écueils. Un jour, sa nacelle ayant chavire, le jeune homme périt victime de son imprudence et de son amour. Le peuple de la contrée attribue la cause de cette mort infortunée à la jeune châtelaine qui avait, cette nuit-là, éteint à la fenêtre de sa tour une lampe qui devait servir de phare à son cher navigateur.

On ajoute que, pour retrouver dans les eaux du lac que formait la Loue en cette endroit, le corps de son cher amant, la châtelaine fit percer la montagne qui formait digue. L'endroit où ce travail fut exécuté aurait retenu le nom de Parcey.


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