Aux environs de Dinan, on raconte [...] une légende à propos de la découverte des mines de sablon calcaire de Saint-Juvat et des communes voisines.
Au temps jadis il y avait à Saint-Juvat un bonhomme du nom de Boutin qui possédait plusieurs champs, et parmi eux celui qu'on appelle encore les Påtures Boutin.
Chaque matin en allant voir sa levée, (récolte) le bonhomme constatait que le bélias venait la brouter, et il reconnut les pas d'une vache. Plusieurs voisins lui dirent qu'on voyait souvent dans sa blâterie une vache qu'on ne connaissait point pour appartenir à une personne du pays.
Le bonhomme Boutin se mit en embuscade pour guetter la vache; dès la première nuit, il l'apercut et parvint à la saisir par la queue. La vache se mit à fuir et l'entraina plus vite qu'il n'aurait voulu vers la Påture, où un trou s'ouvrit. Il y entra à sa suite et se trouva au milieu d'un beau palais où il vit beaucoup de fées.
Il lâcha la queue de la vache, et une des fées lui demanda ce qu'il voulait. Le bonhomme, qui aimait bien l'argent, voyait autour de lui de l'or et de l'argent à remuer à la pelle, et il dit qu'il était venu pour qu'on lui payât le dommage fait à sa récolte. - Combien voulez-vous ? lui demanda la fée. - Vous pouvez bien me bailler un quart (mesure) d'argent, répondit le bonhomme. - Qu'à cela ne tienne; mais nous n'avons pas de quart ici; allez en chercher un à la Sigonnière, et nous vous le remplirons.
Le bonhomme Boutin sortit du château des fées, et courut à sa maison le plus vite qu'il put; mais le trou par où il était sorti s'était bouché; et il ne put jamais retrouver l'entrée du souterrain. Pendant le restant de ses jours, il fouilla la pâture, la bouleversa en tous sens, creusa des galeries, mais ne put retrouver l'entrée du palais des fées. En revanche il mit à jour une carrière de sablon, et c'est la première qui ait été exploitée dans le pays.