On trouve en Franche-Comté une quantité considérable de traditions populaires ayant trait au mythe de la Dame blanche, comme à celui de la Dame verte. On leur fait jouer des rôles divers, suivant la cité où l'on place leur résidence. Ainsi, la Dame verte est quelquefois la reine des prairies et des bois, la déesse fée des arbres et des fleurs, à la taille svelte, aux grands et doux yeux bleus, au gracieux sourire. On dit alors que, lorsqu'elle passe, les fleurs s'inclinent devant elle; que l'herbe se parfume sous son pied de rose et que les ramures des arbres l'effleurent avec un frémissement de bonheur. D'autrefois, c'est une femme jalouse, méchante, perfide, dangereuse à rencontrer. De même, le caractère de la Dame blanche varie suivant les lieux où on la rencontre. Quelquefois folâtre et légère, elle s'amuse à promener pendant la nuit, le long des précipices, les paysans attardés. Ailleurs, bonne et bienfaisante, c'est elle qui apporte à manger aux bergers tombés en pamoison, ou qui remet sur son chemin le voyageur égaré.
La Dame blanche de Mirebel, canton de Conliège, a, dit-on, quitté le pays. C'était un mauvais génie qui effrayait les gens, qui les égarait, qui les raillait, qui les turlupinait, qui les frappait cruellement, qui les volait même. Elle habitait la côte de l'Heute. Le lieu principal de ses attaques était celui où l'on voit un vieux chêne dans le tronc duquel on a pratiqué une niche pour une image de la vierge. On ne sait à quelle époque cet oratoire a été établi. Peut-être, observe Désiré Monnier, est-ce à partir de ce temps que les habitants de Mirebel, plus rassurés, ne craignent plus la rencontre de la Dame blanche. Auparavant, nul ne suivait qu'en tremblant la route de Champagnole.