Entre Mantry et Vers-sous-Sellières, il existait, dit-on, au XIIIeme siècle, les ruines d'un monastère détruit depuis longtemps et qui portait jadis le nom d'Abbaye de Saint-Vincent d'Arlay. Ce couvent avait dû être important et riche, si l'on en jugeait par la majestueuse grandeur de ses ruines.
La fontaine miraculeuse d'Ebron coulait à cent pas de ce monastère. Ces ruines, encore imposantes au XIe siècle, inspiraient au loin une terreur profonde aux habitants de la contrée, et ce n'était que forcément et poussés pour ainsi dire par la nécessité que les malades de la Bresse, atteints de fièvres, venaient en pèlerinage boire à la fontaine d'Ebron, dont l'eau avait, paraît-il, la vertu salutaire de guérir ce genre de maladie.
On disait alors que le courroux du ciel s'était appesanti sur cette abbaye et l'avait mise en ruines, à cause de la vie licencieuse des moines qui l'habitaient. On ajoutait que bien certainement ces moines maudits étaient devenus des damnés d'enfer, et que chaque nuit, principalement pendant l'hiver, ils revenaient crier et blasphemer parmi les décombres de leur ancienne demeure.
C'est sans doute en raison de cette croyance populaire, qui se perpétua d'âge en âge jusqu'à nos jours, que l'abbaye de Saint-Vincent d'Arlay a été appelée l'Abbaye du Diable.