Saint Germain fut délégué par l’abbaye de Savigny pour habiter le prieuré de Talloires. C’était à son retour d’un pèlerinage à Jérusalem. Sa mission remplie, il ne tarda pas à reconnaitre que, lorsqu’on tient à se mortifier, on est mieux partout ailleurs qu’au sein d’une abbaye. Il quitta le monastère et fut installer sa résidence sur un rocher à pic qui domine Talloires, et au bord duquel est une grotte dont il fit son habitation. Il y vécut quarante ans. Il n’en continua pas moins à suivre les offices de l’ordre, et l’office terminé, il retournait à son ermitage. Jusque dans sa plus extrême vieillesse et malgré ses infirmités, il était toujours le premier à matines. Mais vint le moment où, perclus de douleurs, il fut incapable de marcher; il fallut bien alors que les anges vinssent à son secours. Chaque jour des esprits du ciel venaient prendre dans leurs bras le corps du saint vieillard pour l’apporter à la chapelle de l’abbaye, et les mêmes messagers le rapportaient dans sa grotte.
Un jour, saint Germain avait planté son baton en terre pour s’agenouiller et dire son oraison. Lorsqu’il voulut le reprendre, le bâton était devenu une belle aubépine chargée de fleurs. Cette aubépine est encore la merveille de la contrée : tous les ans elle est déjà entièrement fleurie que les arbustes du voisinage ne font pas encore mine de bourgeonner.
Le saint mourut vers l’an 1000. On conserva ses ossements dans la chapelle édifiée sur le roc de son ermitage. Beaucoup de miracles s’opérèrept en ce lieu, – cela ne fût-il que la préservation de ces précieuses reliques contre les sacrileges du temps et des révolutions. Un vertueux habitant de Talloires les avait mises hors de toute atteinte, et, en 1835, elles furent réintégrées dans la chapelle vénérée.