La légende de la mort de Saint Gallemant [Besançon (Doubs)]

Publié le 31 juillet 2024 Thématiques: Abbaye | Monastère , Disparition , Eglise , Enterrement , Etoile , Légende chrétienne , Maladie , Miracle , Mort , Saint Gallemant , Saint | Sainte ,

Eglise des Carmes
JGS25, CC BY-SA 3.0 , via Wikimedia Commons
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Source: Trou (abbé) / L ́homme de Dieu ou vie de Jacques Gallemant (1852) (3 minutes)
Lieu: Église des Carmes / Besançon / Doubs / France

Saint Gallemant appartient à notre province, non par sa naissance, mais par ses œuvres et surtout par sa mort. C'est en effet Jacques Gallemant, premier directeur des Carmélites de France, qui établit des monastères de l'ordre du Carmel à Dole, à Salins et à Besançon. Les savants agiographes des saints de Franche-Comté ne font pas mention de saint Gallemant dans leur bel ouvrage en quatre volumes. Ce fut pourtant à Besançon, dit la légende, que Jacques Gallemant passa les trois dernières années de sa vie et qu'il mourut en 1630. Sa mort fut accompagnée de circonstances merveilleuses, capables de toucher les cœurs les plus endurcis.

Gallemant habitait depuis quelque temps la ville de Dole; il avait atteint la 68ème année de sa vie, lorsque Dieu, dans un langage inconnu au monde, lui enjoignit de se rendre au plus tôt à Besançon, pour s'y disposer au grand jour de l'éternité. Le vénérable vieillard se mit aussitôt en devoir d'obéir. Le père Placide Bailly, religieux bénédictin du couvent de Besançon, fut chargé de l'assister dans son voyage. Le saint vieillard était tellement affaibli qu'il ne put soutenir les secousses de la voiture, sans penser plusieurs fois à s'évanouir. Enfin, parvenu au terme de son voyage, il mit pied à terre et se retira dans le monastère des Carmélites de Besançon, où il mourut la veille de Noël 1630.

Comme il rendait le dernier soupir, on vit disparaître un phénomène qui se faisait remarquer depuis un an au-dessus de sa chambre et sur l'église du monastère, à certaines heures du jour et de la nuit. C'était une espèce d'étoile moins élevée que les autres astres. Son mouvement régulier s'effectuait de l'occident à l'orient, depuis la chambre du saint vieillard jusqu'au lieu où il fut inhumé dans l'église. Il fut constaté que ce phénomène avait subi toutes les phases de la maladie de Gallemant. Lorsque le vertueux prêtre éprouvait du mieux dans sa santé, l'astre mystérieux brillait d'un plus vif éclat; lorsque le malade allait moins bien, l'étoile pâlissait; enfin elle disparut sans retour au moment où le saint expira. Toutes les circonstances de ce prodige furent relatées dans un procès-verbal signé de 15 religieuses.

Le père Placide, qui avait fermé les yeux de Gallemant, et quelques autres prêtres avec lui, lavèrent le corps vénérable du défunt, selon l'ancienne coutume de l'Eglise. Ils mêlèrent souvent leurs larmes aux eaux lustrales pendant cette pieuse cérémonie. Le corps fut ensuite revêtu de tous les habits d'honneur qui ornent les prêtres et placé dans une bière, le visage découvert.

Il y avait alors à Besançon une jeune fille d'une éminente vertu, et qui professait une grande admiration pour la sainteté du vénérable défunt, Etant venue voir ce saint prêtre pendant qu'il était exposé sur son lit funèbre, elle s'agenouilla auprès de lui, et, par un mouvement d'enthousiasme religieux, elle s'approchait pour baiser son auguste visage, lorsque tout à coup une angélique rougeur se répandit sur toute la figure de Gallemant mort depuis 34 heures. La jeune fille recule effrayée. On appelle au plus tôt un médecin pour avoir l'explication de ce phénomène. M. Plantamour, docteur en médecine, homme jouissant d'une grande réputation de science dans sa profession, déclara que cet évènement était surnaturel.

Par ce miracle évident, Dieu voulait apprendre à la jeune fille qu'il fallait se contenter de baiser les pieds des saints.

Gallemant fut inhumé dans un caveau de l'église du monastère, du côté du maître-autel. On raconte qu'un des hommes chargés de descendre la bière dans le caveau et de le fermer, voyant ses compagnons couper furtivement quelques cheveux au défunt, pour les conserver comme de précieuses reliques, les imita, sans toutefois partager la vénération qui les animait. Rentré chez lui, il voulut examiner, par un sentiment de curiosité, les cheveux qu'il avait soigneusement enfermés dans son mouchoir, après y avoir fait un nœud, afin qu'il ne pût se déplier. Surprise étrange! toutes ses recherches sont inutiles, il ne retrouve plus rien dans son mouchoir si soigneusement fermé. Il en est tellement frappé, qu'il s'écrie avec un accent plein de conviction : Gallemant était vraiment un saint!


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