A mi-côte [vers la chapelle Notre-Dame de Grâce], le pèlerin rencontre un calvaire au pied duquel il ne manque jamais de s'agenouiller pour murmurer une prière ; c'est une simple croix de bois enchâssée dans un socle de granit jusqu'à fleur de terre, ombragée de quelques petits ormeaux, fusées végétales sorties du gazon d'un seul jet.
Voici la légende qui se rapporte à ce calvaire :
Au seizième siècle, le chapitre de Sainte-Catherine d'Honfleur allait, croix en tête, bannières déployées, et suivi d'une grande foule, prier à Notre-Dame-de-Grâce, en souvenir d'une victoire remportée sur les Anglais.
Or il arriva qu'un jour, la procession étant arrivée à mi-chemin, une effroyable tempête se déchaina sur la mer, tandis qu'une bourrasque furibonde labourait la côte et emportait tout dans sa course meurtrière. La belle croix vermeille que portait un diacre fut coupée en deux comme par une main mystérieuse sortie de la tempête, et tomba si heureusement qu'on la retrouva debout, fixée en terre à quelques pas plus loin. Miracle! cria la foule émerveillée.
Aussitôt chacun se mit à l'œuvre et malgré la pluie et les éclairs, un calvaire en pierre s'éleva rapidement en cet endroit devenu sacré et désigné si miraculeusement,
Le temps, qui ne respecte rien, fit disparaître peu à peu ce calvaire construit à la hâte. Aujourd'hui il ne reste plus pour perpétuer cette tradition qu'une modeste croix de bois ornée d'un Christ en plomb au pied duquel les veuves et les orphelins de la mer viennent comme autrefois faire une pieuse station.