[…] Ce qui doit, dans ces lieux désolés, appeler particulièrement l’attention du voyageur, ce sont les trois vastes étangs que la superstition à rendus si fameux parmi les montagnards. Les bergers n’approchent qu’en tremblant de ces eaux maudites du ciel.
Une croyance populaire, répandue dans le pays, c’est que si l’on vient à jeter un bloc de pierre dans les étangs, des nuages épais, répandant une odeur suffocante de soufre, s’en élèvent tout à coup, au milieu des éclairs, et des éclats de tonnerre ; c’est un orage qui parcourt la contrée en la ravageant. Un de ces étangs porte le nom d’étang du diable. Il y a peu d’années, dit un chroniqueur, ami du merveilleux, que trois étrangers montèrent seuls aux gouffres de l’Hers ; le lendemain ils en redescendirent ; mais les prairies que la veille ils avaient laissées riches de leur verdure, étaient flétries ; les récoltes avaient été détruites; une grêle affreuse était venue s’abîmer sur nos riches vallées.