Les tours du château, que n’habitent plus les vivants, sont en certaines circonstances hantées, la nuit, par les ombres des morts.
C’est là que se réunissent chevaliers, troubadours et génies damoiselles, et tous ceux qui, pendant la résistance suprême aux envahisseurs du Nord, se distinguèrent à un titre quelconque.
Par la pensée, le poète se transporte à l’un des nocturnes rendez-vous où il est témoin de faits extraordinaires :
« Au bord de l’Ariège, rivière roulant l’or dans ses ondes, se dressent les murailles d’un château qui, un jour, lutta contre les rois et les papes : autrefois séjour aimable d’honneur et de courtoisie, aujourd’hui ce n’est plus qu’un souvenir. Démantelées, ses tours gisent sur les pentes d’épouvantables abîmes, qui jadis servaient de fossés et de remparts au château. C’est le lieu où se rassemblent en foule pressée, les spectres des morts non vengés. »
C’est là que le dernier des troubadours de la montagne exhale, en paroles emportées par le vent, sa dernière ode. Elle est touchante la plainte du troubadour qui voue à l’exécration Montfort et sa troupe, famélique comme une bande de loups : le chanteur rappelle la prise de Montségur, dernier bûcher de la Patrie Romane dans les flammes duquel périrent ses héroïques défenseurs ceux qui osèrent braver les foudres du Louvres et du Vatican. Un cri de mort se fit entendre alors, la montagne en tressaillit et en tressaille encore. Cal mori, il faut mourir ; tel est le cri qu’en cette horrible circonstance jeta le comte de Foix du haut de son château de pierre où on l’a enseveli vivant.
« Ce cri, il l’adresse au monde, au ciel, aux générations présentes el futures. Provence et Pyrénées l’ont entendu, quand elles apprirent la perle de cette fille si belle ; Provence et Pyrénées portent le deuil du monde latin. Le jour où tombèrent ceux de Foix, tomba aussi la Provence!