Un jour, un schroettéli (esprits qui vivent sous la terre comme les gnomes et les démons mineurs) entra chez une sage-femme du village de Walchwyl, au bord du lac de Zug; il la pria de venir à l’aide de sa femme, qui était en couches. L’obligeante Suissesse s’empressa de suivre le petit bonhomme, quoiqu’elle reconnût bien que c’était un esprit. Mais on ne lui avait dit jusque-là que du bien des schroettélis. Il la conduisit, sur le sommet d’une montagne, à la sombre caverne du Kalte-Hoelle. Là, elle descendit avec lui dans une fente de rocher qui s’élargissait à mesure qu’on marchait; et elle arriva dans un lieu très éclairé, où la malade reposait sur un petit lit bien tenu. Grâce à ses soins, la délivrance fut heureuse. Aussi elle s’attendait à une bonne récompense; mais le malicieux nain, qui la priait de relever les coins de son tablier, n’y jeta que du charbon. » La sage-femme s’en alla désappointée, éparpillant , dans son dépit, le charbon sur son chemin; et en rentrant à sa maison, elle secoua dans le foyer ce qui lui en restait. Elle fut bien étonnée de voir ces bribes reluire de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.
Les morceaux de charbon étaient devenus des pierres précieuses. Elle se hâta de retourner sur ses pas, pour recueillir ce qu’elle avait semé dans son chemin. Mais elle ne retrouva pas même sa route