La légende de Notre-Dame du Hourat [Laruns (Pyrénées-Atlantiques)]

Publié le 19 mai 2024 Thématiques: Fleuve | Ruisseau | RIvière , Montagne , Statue , Statue de la Vierge , Statue qui se déplace , Vierge ,

Notre-Dame du Hourrat
Notre-Dame du Hourrat. Source Cirkwi
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Source: Chaboseau, Augustin / La Tradition (1888) (2 minutes)
Contributeur: Fabien
Lieu: Notre-Dame-du-Hourrat / Laruns / Pyrénées-Atlantiques / France

Non loin du pic du Midi de Pau sourd le gave d'Ossau. Il coule d'abord au fond d'une vallée étroite, sauvage, et suprêmement belle, — galope au pied du bourg d'Eaux-Chaudes, et bientôt se heurte à un énorme rempart de roches, à travers lequel il est parvenu, après des siècles d'efforts, à s'ouvrir un passage. Là il se rue en un gouffre horrible, le Hourat (en béarnais: le Trou). La grand'route de Pau, puis Laruns, à Eaux-Chaudes, puis Gabas, et avant peu d'années, en Espagne, franchit la gorge sur un viaduc aux longues jambes; elle est large, soignée, sans cesse horizontale du Hourat à Eaux-Chaudes, et ourlée, du côté du gave, d'un garde-fous assez élevé. On l'a taillée, à peu près toute, à même la montagne, qui la surplombe parfois.

L'ancienne voie gravit le flanc opposé du défilé. Pénible, caillouteuse, presque plus entretenue, dangereuse, les Ossalois en usent pourtant volontiers, parce qu'elle raccourcit le trajet de Gabas à Laruns, et aussi, j'imagine, par obtus entêtement. Au sommet de la rampe, cette chaussée s'engouffre en une tranchée glaciale, peu claire, et ensuite se met à dévaler sinueusement devers Laruns.

Du seuil de ce couloir, on domine de très, très haut, – et la pente est presque à pic, – le viaduc et le Hourat.

Voici plusieurs années, du temps que cette passe était l'unique, une diligence bourrée de monde, débouchant de la tranchée, la nuit, au galop, s'en est allée s'engloutir en l'abîme. On n'a pas rétabli le parapet, mais, en mémoire de l'accident et pour sauvegarder les voyageurs à venir, on a bâti au tournant un édicule humble, tout nu: un pauvre petit sépulcre de famille que l'on aurait abandonné, après l'avoir dévalisé. Seule, une statuette de la Vierge veille en une niche grillagée: c'est Notre-Dame du Hourat. Le montagnard en passant devant cette chapelle ôte son béret respectueusement, et sa compagne se signe.

Plus tard on a érigé, tout près, sur la plus haute roche, une autre figuration de la Vierge une grande et blanche statue qui domine le Hourat et les deux routes.

Dans tout cela, vous ne voyez point de légende.

Les indigènes, n'en voyant point non plus, en furent sans doute marris, et comme il est inadmissible qu'un site aussi étonnant, théâtre de tant de désastres, et possesseur d'une statue et d'une chapellette, n'ait point sa légende, on vous contera, ce que j'ai recueilli là-bas de maintes bonnes gens, à savoir que Notre-Dame couronnait jadis la crête adverse, et puis qu'un jour, toute seule, on ne se rappelle perdiou plus pourquoi, il lui a pris fantaisie d'enjamber la vallée pour venir s'installer là où vous la contemplez à présent. [...]


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