Surs le mont Margantin, percé de fondrières, Souvent s'est réuni le babillard essaim Des vieilles du pays, exécrables sorcières, Qui n'y venaient tramer qu'un coupable dessein.
Leur bruyante assemblée aux voraces ripailles Préparait un festin et tuait deux taureaux, Dont on gardait le sang, le coeur et les entrailles, Afin d'en composer des philtres infernaux.
Sur l'herbe on s'asseyait; le récipiendaire S'approchait et jurait de garder le secret; Puis, signait de son sang le pacte téméraire, Et Satan l'admettait pour son humble sujet.
De gui de chêne alors on couronnait sa tête , Aux débats il était propre à s'associer; Comblé d'attentions, chacun lui faisait fête, Et l'adepte nouveau passait maître sorcier.
Mais les réunions devinrent moins fréquentes Et même on n'en tint plus qu'une seule par an Au lever du soleil, mais des plus provocantes : Le vingt-quatre de juin, le jour de la Saint-Jean.
Un vieil ermite enfin, lassé de ces scandales Qui se renouvelaient à la face de Dieu, Quitte sa grotte et prend son bâton, ses sandales, Et d'un saint vénéré met un os en ce lieu.
Lucifer, irrité de trouver la relique Où se passaient jadis, pour narguer les élus, Ses mystères impurs, se renfrogne, se pique, S'enfuit à tire d'aile et ne reparaît plus.