Un horrible dragon désolait autrefois les deux rives de l'Ain. Pour calmer sa fureur, les habitants de Soucia firent avec lui un pacte, d'après lequel ils devaient lui offrir chaque année les deux plus jolies filles du village pour les dévorer. Les jeunes gens, se voyant enlever successivement toutes leurs fiancées, résolurent, dans leur désespoir, de tuer le monstre. Plusieurs fois ils l'atteignirent et le perçerent de coups; mais l'animal buvait le sang qui sortait de ses plaies et renaissait à la vie, plus fort et plus glouton qu'auparavant. Ils furent enfin délivrés de ce monstre par saint Georges. Ce saint envoya, dit-on, le jour de sa fête, une forte gelée qui glaça le sang que le dragon perdait par une blessure qu'on venait de lui faire. Il ne put donc le boire et il mourut. En reconnaissance de cet heureux évènement, on bâtit une église qui fut dédiée au libérateur. Saint Georges est ainsi devenu le patron de Soucia.
Des légendes semblables à celle-ci, qui rappelle beaucoup la fable grecque de Thésée et du Minotaure, se retrouvent dans plusieurs provinces de France, notamment en Bretagne. Mais il est, dit Rousset, une autre croyance populaire Soucia dont on ne peut découvrir l'origine. On prétend que la côte de Charia est remplie de clochettes sonores, qu'on enlève sans difficulté, mais qui retournent toujours au lieu où elles ont été prises. A peine sont-elles entrées dans une maison qu'elles disparaissent.