Les sires de Jouhe sont peu connus dans l'histoire. Il y avait à Jouhe un prieuré de Bénédictins, fondé par Béatrix de Bourgogne, femme de l'Empereur Frédéric Barberousse.
Un seigneurs de Jouhe, surnommé le Goulu, menait une vie licencieuse. Un soir d'automne qu'il regagnait son manoir, le long du bois d'Authume, il entendit un bruit de voix rauques qui disaient : Nous le tenons, nous le tenons. Effrayé de ces cris, il voulut retourner en arrière; mais la peur le retint immobile. Tout-à-coup, il aperçut une foule de moines vêtus de surplis bigarrés et de moinesses barbues qui récitaient l'office des morts d'un ton épouvantable. Quatre d'entre eux portaient une bière et un cinquième tenait un goupillon noir. Ils s'approchèrent lentement du chevalier qui était près de s'évanouir; le sacristain l'aspergea avec des contorsions affreuses, et le pauvre Goulu, qui crut sentir une pluie de souffre, se mit à crier merci, et à invoquer la bonne vierge dont il voyait encore la chapelle.
Soudain un vrai moine de Saint Benoit descendit de la montagne et ordonna aux démons de s'arrêter. Mais ceux-ci qui hurlaient de fureur, bien loin d'obéir et de se soumettre, saisirent le malheureux pécheur pour le porter dans la bière. Le Bénédictin n'eut que le temps de lui jeter son étole au cou et de l'arracher ainsi de leurs griffes.