La légende de Philibert de Parthey [Choisey (Jura)]

Publié le 10 janvier 2023 Thématiques: Âme , Amour non partagé , Diable , Impiété , Mort , Noblesse , Pacte avec le Diable , Pacte avec le Diable rompu , Saint Gengoult , Saint | Sainte , Sang , Sorcier ,

Château de Parthey
Château de Parthey. Source Site du château de Parthey
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Source: Thuriet Charles / Traditions populaires du Jura (1877) (2 minutes)
Lieu: Château de Parthey / Choisey / Jura / France

Philibert de Parthey, de la maison de Vienne, qui vivait, dit-on, au temps du roi Pépin-le-Bref, était un homme de mœurs déréglées. Il n'avait ni foi, ni pudeur, ni souci de son salut. Les clercs eux-mêmes n'étaient pas à l'abri de ses larcins, et nulle jeune pèlerine, fût-elle chargée de reliques, n'osait passer sous les murs de son monastère. Il devint un jour éperdument amoureux d'une femme mariée, de Brigitte, épouse de saint Gengoul [...]. Quand il la requit d'amour pour la première fois, cette dame le repoussa.

Honteux d'être ainsi rebuté, Philibert revenait un soir à Parthey, en suivant le cours de la Blaine. Il chevauchait pensif et taciturne, lorsqu'un inconnu arrêta brusquement son palefroi. — Qui es-tu? lui dit-il. Satan, répondit une voix de tonnerre. Je sais la douleur qui te poing. Le ciel et la terre te réprouvent j'accours à ton aide. Le diable présenta à Plilibert un parchemin et un stylet de fer, en disant : signe de ton sang cet écrit et je te livrerai Brigitte. Le parchemin portait ces mots, tracés en caractères de feu : Je me donne a diable et je lui lègue mon château de Parthey dans un an, à pareil jour. Je ne signerai point, répond Philibert indigné.

Le diable alors entraîna cheval et cavalier par une force irrésistible, au milieu d'un marais où le même soir tous les sorciers de la contrée arrivèrent au sabbat montés sur des hiboux, des chats, des chouettes et des manches à balai. Brigitte elle-même y fut apportée endormie sur les bras de deux esprits aériens. Un voile léger couvrait négligemment son sein. Philibert se trouble. Un démon ailé tenait d'une main le pacte infernal qu'il présentait à Philibert, et de l'autre il soulevait le voile de Brigitte. Philibert vaincu pousse un cri, se pique une veine et signe l'odieux contrat d'une main égarée. Bientôt un coq chanta et tout disparut.

Philibert ne garda qu'un souvenir confus de ce qui s'était passé. Il se réveilla dans son lit et crut avoir rêvé. Deux choses pourtant l'inquiétaient : il avait au doigt une bague de femme et le sang coulait encore de la piqûre qu'il s'était faite. Impatient d'éclaircir ses doutes, il court chez Brigitte qui le reçoit et se livre à toutes les fureurs d'une passion effrénée...

A quelque temps de là, le vertueux époux de cette femme adultère mourut empoisonné. Mais l'excès des plaisirs lassa vite Philibert. Brigitte cessa de lui plaire.

Un soir, il revenait seul à pied de la demeure de cette femme. Il s'égara et ne tarda pas à se trouver empétré dans un marais. C'était précisément le lieu où il avait donné son âme au diable une année auparavant.

L'auteur d'Iseult, qui rapporte cet épisode avec beaucoup plus de développements, dit que Philibert fut tout-à-coup illuminé par un rayon de la grâce; qu'il se repentit et obtint son salut par un seul acte de contrition parfaite, à l'instant même où le démon se précipitait sur lui pour ravir son âme. Cependant la tradition ajoute que Philibert de Parthey fut puni en ce monde comme l'exigeait la justice de Dieu. En effet, on le trouva mort le lendemain à quelques pas de son manoir.


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