A l'intérieur de la porte-d'Or-aux-Sept-Tours, à Constantinople, repose endormi Jean l'Evangéliste, quelques-uns disent Jean le Paléologue.
C'est un vieillard à la longue barbe blanche, assure-t-on, appuyé au tronc d'un figuier qui a poussé au travers des pierres de la forteresse; il tient en mains un grand livre sur lequel il inscrit les péchés des Chrétiens et des Turcs.
Si quelqu'un est assez heureux pour arriver auprès de lui, l'entrée de la Porte-d'Or étant sévèrement interdite - il entend le grand apôtre dire :
« Le temps n'est pas encore venu; l'heure n'est pas sonnée; la rémission des péchés n'a pas encore eu lieu ! »
On dit que les gardiens turcs lui allument une lampe toutes les nuits, et qu'ils le couvrent d'une couverture que l'on renouvelle une fois l'an. On assure qu'un jour viendra où Constantinople sera assiégée et conquise par sept nations. On s'entretuera pour le partage de la ville; le sang coulera comme un fleuve par les rues de la capitale; il y aura des troubles comme jamais il ne s'en sera vu depuis la création du monde.
Alors Jean l'Evangéliste ou Jean le Paléologue se réveillera de son long sommeil ; il se présentera aux sept peuples et, se tenant au milieu de Constantinople, il criera :
« Arrêtez! Assez de sang a été versé! »
Les peuples lui obéiront: la grande tuerie cessera. Jean règnera glorieusement durant trois jours et trois nuits. Puis il disparaîtra. Mais la paix sera pour longtemps assurée dans la vieille Byzance.