Le chef d'une honnête famille de cultivateurs possédait au terroir des Routisses en Riom-ès-Montagnes une pièce de terre qu'il cultivait avec grand soin. Un jour que plus matinal que d'habitude, il s'était rendu à son champ pour s'y livrer à ses travaux habituels, il aperçut sur les bords de la fontaine Saint-Georges trois couleuvres et à côté d'elles trois anneaux d'or déposés sur le gazon. Or, le bonhomme savait parfaitement, comme tout le monde sait dans les montagnes, que la garde des trésors enfouis est confiée à des serpents qui portent au cou, en marque de leur mission, un anneau d'or qu'ils ont soin de déposer sur le bord des fontaines, lorsqu'il viennent s'y désaltérer, de peur de l'y laisser tomber ; il ne put douter que ceux-ci ne fussent chargés de veiller sur les richesses enfouies sous les décombres des Routisses. Mais le difficile était de découvrir leurs retraites. Il fut assez heureux pour pouvoir, à force de précaution, échapper à leur vigilance, et lorsqu'elles eurent repris leur anneaux il les suivit et ne tarda pas à les voir disparaître derrière les ruines d'une vieille masure.
Un trésor était donc caché sous ces ruines. Il se met donc à l'oeuvre et fouille ; longtemps ses efforts sont sans succès; il découvre enfin de vastes dalles ; il en soulève une, il donne un dernier coup de pioche. Un son métallique frappe ses oreilles et il aperçoit une petite marmite, un oletou d'étain ; elle contient sans doute le trésor. C'étaient des pièces romaines, et il devint riche.