L'orpaillerie consistait à recueillir les nombreuses parcelles d'or que la Jordane entraînait dans ses eaux.
Dans le principe, il paraît qu'on ramassait les paillettes au moyen de peaux de brebis non dépouillées et placées aux divers endroits de la rivière, où se faisaient remarquer les dépôts de sable les plus abondants. [...]
L'histoire de ces lamelles d'or eut le privilège d'exciter, à toute époque, la curiosité des érudits. Malheureusement les explications fournies par les savants locaux n'étaient ni unanimes ni décisives. Aussi le peuple, toujours amoureux du merveilleux, et ayant besoin de croire d'une manière fixe, préférait donner à ce fait singulier une origine [...] légendaire.
[On racontait] que du temps des Gaules, les Arvernes des hautes-terres, revenant d'une expédition lointaine, avaient pillé de nombreux trésors. Afin d'emporter plus facilement ces richesses et de les soustraire aux yeux de tous, ils crurent devoir fondre l'or accusateur, et le réduisirent en petits fragments qu'ils mêlèrent ensuite à du sable. Les Auvergnats en remplirent une grande quantité d'outres, attachées avec soin sur le dos de leurs chevaux. Mais au moment d'atteindre la montagne (mons Celtorum, plomb du Cantal), où devait être caché ce butin, des ennemis survinrent, et les Gaulois pillards furent exterminés jusqu'au dernier. Cependant, avant le combat, ils avaient eu le soin de jeter précipitamment toutes les outres dans des gouffres creuses par la Jordane, au-dessous du bourg actuel de Mandailles. Voila l'or que la rivière charrie depuis cette époque, et rend peu à peu.