Dans le pays d'Ecordal se trouvait, jadis, en forêt, la ferme du Hôt, aujourd'hui disparue. Or, sur l'emplacement qu'avait occupé cette ferme, une louve, chaque nuit, se promenait. Comme elle avait une voix humaine, elle parlait à tous ceux qu'elle rencontrait; et, souvent, lorsque sonnait minuit, elle se rendait au sabbat pour y danser « la chiquechicoise » qui se dansait en position accroupie, les deux mains, ou les deux pattes de devant, croisées sur les deux jambes ou les deux pattes de derrière, et, à chaque saut qu'il faisait, le danseur poussait, de toute sa voix, un strident « Tie-tiou! Tie-tiou!» On avait maintes et maintes fois essayé de tuer cette louve, mais en vain! Le fusil éclatait, ou la balle s'aplatissait sur le front de la bête qui regardait le tireur, en ricanant. Mais il arriva qu'un chasseur plus courageux et, en même temps, plus avisé, ayant fait fondre son cierge pascal, roula son fusil dans la cire en fusion et partit à la recherche de la louve. Il ne put la rencontrer et, depuis ce jour, d'ailleurs, jamais elle ne reparut; mais perché sur un arbre, croasse, invisible, un corbeau, qui entremêle à ses croassements le fameux : « Tie-tiou! Tie-tiou! »
La légende de la louve du Hôt [Écordal (Ardennes)]
Publié le 21 juin 2023 Thématiques: Animal , Chasseur , Corbeau , Oiseau , Sorcier ,
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Source: | Meyrac Albert / La forêt des Ardennes: légendes, coutumes, souvenirs (1896) (moins d'1 minute) |
Lieu: | La ferme du Hôt / Écordal / Ardennes / France |