Près de Beggen, les lutins (Wichtelcher) vivaient sur une hauteur qui porte encore aujourd’hui le nom de « Op de Wichtelcher ».
Ils habitaient là dans des galeries et logements souterrains, qui se ramifiaient dans toutes les directions, allant même jusqu’à l’Alzette.
On les voyait souvent puiser de l’eau à l’Alzette, puis disparaître soudainement sous terre.
On montre encore aujourd’hui les trous des lutins, appelés Wichtellöcher.
Un paysan de Beggen, du Krellenhaus, labourait un jour près de cette colline, lorsqu’il entendit des voix sous le sol qui disaient :
« Beurre-moi une tartine ! — Et moi aussi ! — Et moi aussi, une tartine ! »
Le paysan répondit en plaisantant :
« Et moi aussi, une tartine ! »
Puis il s’éloigna.
Mais le lendemain, en revenant sur place, il trouva sur sa charrue un petit pain.
Il le ramena chez lui, et sa famille et lui en mangèrent chaque jour, sans que le pain ne diminue, aussi souvent qu’ils en coupaient des morceaux.
Dès lors, tout lui réussit, et il devint un homme prospère.
Sur le pain était écrit :
« Le paysan ne doit jamais révéler d’où vient ce pain. »
Un jour, un visiteur entra chez lui.
Comme c’était la coutume, on lui servit un morceau du pain.
Mais quand il refusa poliment, le paysan s’exclama sans réfléchir :
« Allez, mange ! C’est du pain des lutins ! »
À l’instant même, le pain commença à diminuer, et bientôt, il n’en resta plus rien.
Selon une autre version, où personne ne connaissait l’inscription sur le pain, la voisine s’étonna un jour :
« Comment ? Vous vendez votre blé et votre seigle, et pourtant vous avez toujours du pain ? »
La fermière lui raconta alors le secret du pain qui ne diminuait jamais. Mais dès qu’elle eut révélé le mystère, le pain devint comme les autres, et disparut rapidement.
