La légende de la femme de pierre du château de Lipovce [Lipovce (Prešov / Slovaquie)]

Publié le 25 mai 2024 Thématiques: Amour , Amour impossible , Château , Enfant , Jeunes gens , Mariage , Mort , Noblesse , Origine d'une roche , Paysan , Pierre | Roche , Suicide ,

Ruines du château de Lipovce
Ruines du château de Lipovce. Source Ing.Mgr.Jozef Kotulič, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons
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Source: Klimo, Michel / Contes & légendes de Hongrie (1898) (2 minutes)
Contributeur: Fabien
Lieu: Château de Lipovce / Lipovce / Prešov / Slovaquie

Le fils du seigneur de Lipocz s'était égaré dans la forêt. Un orage terrible éclata, et le fit sauver dans le petit village situé au pied de la montagne, sur la cime de laquelle s'élevait le magnifique château de son père. Pour se mettre à l'abri du mauvais temps, le jeune homme alla frapper à la porte d'une chaumière, habitée par un vieux paysan et sa fille, belle comme un astre. Après lui avoir souhaité la bienvenue, ils l'invitèrent à partager avec eux leur modeste souper, et on resta ainsi ensemble, en attendant que l'orage fût passé.

Enchanté par la beauté angélique et le noble cœur de la fille du vassal de son père, le jeune homme rentra le cœur gros, et en proie à une préoccupation continuelle. Désormais, son cœur ne renfermait plus qu'un seul désir : celui de gagner l'amour de la jeune paysanne. Mais la seule idée de révéler à son père le secret de son cœur, le fit frémir.

Le vieux seigneur, qui s'était aperçu des fréquentes visites que son fils rendait à son vassal, l'en gronda, et lui fit observer qu'un jeune seigneur ne doit jamais s'abaisser ainsi. Puis brisant là, il lui dit :
– Nous avons une affaire bien plus importante à traiter ensemble. Je suis vieux. La mort ne tardera pas à venir me réclamer, et comme je ne voudrais pas m'en aller avant de te voir heureux au sein d'une petite famille, je t'ai choisi une fiancée, et j'entends que tu te maries au plus vite.
Le pauvre jeune homme resta comme pétrifié, mais, sans y prendre garde, le père fixa le jour de la noce.

Quelques mois s'étaient écoulés. Là-haut, dans les salles du château, les invités de la noce se livraient à la joie, et au milieu du festin, se promenait, pâle comme un spectre, le jeune seigneur, tandis que la jeune paysanne prenant son enfant dans les bras, s'élança, à travers la vallée, sur la cime du rocher qui s'élevait en face du château.
Elle jeta un dernier regard vers les fenêtres du château, puis embrassant une dernière fois son enfant, elle allait se précipiter dans l'abîme. Mais, en ce moment, elle fut changée en pierre.

A minuit, le jeune marié disparut d'au milieu des danseurs. On ne l'a plus revu jamais. Le nom de l'ancien maître du château de Lipocz est tombé en oubli depuis bien des siècles, mais les ruines du château y sont encore, ainsi que la femme de pierre, tenant l'enfant dans ses bras.


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