Le siffleur de nuit (En huitellour-nouz), s’entend surtout dans les bois et les buissons bordant les chemins creux. Il siffle de temps en temps, et l’écho de son sifflet fait trembler tout le voisinage. Malheur à ceux qui lui adresseraient la parole ou qui siffleraient la nuit.
Le passage à gué de la vieille route de Carnac au Hoah, aujourd’hui pont de la route de Carnac à la plage, était autrefois fréquenté par En huitellour nouz, le siffleur de nuit.
Un soir, des gens du bourg allaient à la pêche; ils entendirent un premier coup de sifflet en quittant le bourg, près de la fontaine à la Vierge ; quelques-uns d’entre eux n’osèrent aller plus loin ; les plus courageux continuèrent leur route. En arrivant au Hoah (au ruisseau), ils entendirent un deuxième coup de sifflet qui leur fit dresser les cheveux.
Un sabotier qui était du nombre et qui avait bu quelques petits coups dans la journée, dit alors :
— Labour ha pou arhoah Paotraveit kargein ha huitel a gauh (Tu auras du travail demain, garçon, pour remplir ton sifflet de m...).
Il n’avait pas terminé sa phrase qu’un poids lourd tomba sur ses épaules comme si un homme s’y était posé ; il était tellement lourd qu’à peine il pouvait le porter, et ils entendirent tous une voix qui semblait sortir d’une tombe et qui leur glaça le cœur, leur dire :
— Kerhet get hou hent (allez votre chemin).
Ils prirent le sentier de la caserne du Brêno (la route de la plage n’existant pas encore), en marchant les uns après les autres, sans dire un mot. Ils firent leur pêche de même sans oser ouvrir la bouche ; le sabotier portait toujours son homme. Au retour, à la même place, le poids disparut, mais le sabotier jura que jamais il ne parlerait plus au huitellour-nouz.