A Carnac-Plage, au lieu dit Porh-en-Drou, il y avait autrefois un revenant appellé Kohlé (taureau) Porh en Drou.
Il n’était pas méchant, mais il se plaisait à faire mille farces aux habitants des villages riverains de la côte, aux personnes qui s’attardaient au bord de la mer, et surtout aux pêcheurs.
On le rencontrait souvent sous forme de taureau, courant le long de la plage ; ses mugissements faisaient trembler tout le voisinage.
Un jour, un cultivateur de Légénèse, ayant Perdu son taureau, le chercha pendant la nuit ; il en trouva un absolument semblable au sien au lieu dit Parc-er-Meskeù ; il l’amena à son étable. Mais, aussitôt attaché, il se transforma en homme et partit, à la stupéfaction du cultivateur, en battant des mains et en riant aux éclats.
Avant les tempêtes, on l’entendait se lamenter sur les rochers du voisinage. Très souvent, pendant la nuit, il arrivait dans les villages, appelant les hommes pour relever du goémon (varech) rejeté par les flots. Il leur disait d’aller au plus vite s’ils voulaient en avoir. Lorsque ces cultivateurs arrivaient avec leurs fourches, parfois même avec leurs charrettes attelées, il n’y avait absolument rien sur la plage ; alors Kohlé Porh-en-Drou battait des mains et se retirait dans l’eau en se moquant d’eux.
Très souvent aussi, il se laissait prendre la nuit par les pêcheurs, sous forme de poisson. Un soir, des pêcheurs du bourg avaient pris un énorme malbar ; ils le mirent dans un sac, parce qu’il était très lourd, et ils rentrèrent. Arrivés chez eux, ils vidèrent leur sac, et il en sortit, non pas un poisson, mais un beau jeune homme qui se sauva en riant et en battant des mains, à la barbe des pêcheurs ébahis et épouvantés.
Il y a cinquante ans, Kohlé Porh-en-Drou était la terreur des gens du bord de la mer ; on en parlait à dix lieues à la ronde.