La légende des Trois épis [Ammerschwihr (Haut-Rhin)]

Publié le 23 octobre 2022 Thématiques: Abeille , Animal , Apparition , Blé , Champs , Chapelle , Cheval , Croix , Escargot , Forgeron , Glace , Mécréant , Miracle , Mort , Origine , Origine d'un lieu de culte , Ostie , Paysan , Prêtre | Curé , Prière , Vierge ,

La chapelle des Trois-Epis
Gzen92, CC BY-SA 4.0 , via Wikimedia Commons
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Source: Morel Retz L. / Revue des Traditions Populaires (1896) (2 minutes)
Lieu: Les Trois Epis / Ammerschwihr / Haut-Rhin / France

Sur le chemin d'Ammerschwir à Orbey, au sommet d'une haute montagne couverte de vieux sapins, un faucheur, retournant chez lui le soir, trouva devant ses pieds un limaçon [escargot] ; il prit le manche de sa faux pour l'écraser, mais il se planta le fer dans le cou et se tua. A sa mémoire on installa dans le creux d'un vieux chêne qui se trouvait sur le lieu de l'accident, un petit groupe de pierre représentant la Vierge tenant le Christ mort sur ses genoux (cet ex-voto existe encore aujourd'hui dans l'église des Trois-Epis).

Eu 1491, un maréchal-ferrant d'Orbey nommé Théodore Schera, passant par là, fit une prière à l'intention du mort; la Vierge lui apparut « reluysante d'une beauté sortable à la qualité de sa personne; » elle tenait trois épis dans la main droite et un lingot de glace dans la main gauche; elle lui ordonna de se rendre à Ammerschwir, d'exhorter les gens à la pénitence et à la vertu, après quoi elle disparut.

Notre homme se rendit en effet à Ammerschwir, mais, arrivé la, la peur le prit qu'on ne le crût pas et qu'on ne le traitât d'imposteur, et il ne dit rien de son aventure.

Or, un jour qu'il avait acheté un sac de blé et qu'il se disposait à le charger sur son cheval, le sac se trouva si lourd qu'il lui fut impossible de le soulever; il appela les voisins à son aide, mais le sac résista à tous les efforts et ne bougea pas. Schera se souvint alors de ce que la Vierge lui avait dit et ne doutant pas qu'elle n'eût voulu, par ce fait extraordinaire, lui rappeler ses instructions, il alla trouver les Echevins et, en présence du clergé qu'on avait rassemblé en toute hâte, il raconta son histoire; aussitôt après, étant retourné prendre son sac de blé, il le souleva sans peine et le chargea sur son cheval.

Alors, sur le lieu de l'apparition, on éleva une chapelle à la Vierge des Trois-Epis, et cet endroit devint et est encore un pèlerinage très populaire en Alsace.

La légende que je viens de résumer est racontée en latin et en Allemand dans un manuscrit du XIe siècle, écrit sur parchemin, et conservé encore aujourd'hui au presbytère établi dans les vastes bâtiments d'un ancien couvent.

Il existe une seconde légende, très postérieure à la première, car elle remonte seulement au commencement du XVIIIe siècle; elle a été relatée pour la première fois par Robert d'Ichtersheim (Ratisbonne, 1710), la voici dans sa grâce poétique.

Un homme allant à la communion, avait gardé l'hostie dans sa bouche et l'emportait pour la profaner; arrivé près d'un champ de blé, il fut effrayé de son action et jeta dans le champ l'hostie. qui demeura suspendu entre trois épis. Des passants le lendemain remarquèrent des abeilles qui voltigeaient autour de ces épis; ils s'approchèrent et virent l'hostie autour de laquelle les insectes avaient bâti comme un nid de cire et de miel; et c'est là que la chapelle aurait été bâtie.

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Source: Wetterlé, Émile (abbé) / Notre Alsace, notre Lorraine (1919) (moins d'1 minute)
Contributeur: Fabien
Lieu: Les Trois Epis / Ammerschwihr / Haut-Rhin / France

Au XVe siècle, au sommet de la montagne qui s'appelle aujourd'hui les Trois-Épis, il n'y avait qu'un arbre, un vieux chêne à l'ombre duquel avait été placée une statue de la Vierge en souvenir d'un faucheur piqué mortellement à cette place par une vipère.

Un forgeron d'Ofbey, Henri Doller, qui passait à cet endroit, avec douze fers de faux sur son dos, murmura une prière pour le repos de l'âme du pauvre faucheur. La Vierge se plaça devant lui: de la main droite, elle présentait trois beaux épis mûrs ; de la main gauche, elle tenait dans un pli de sa robe des grêlons et des morceaux de glace :
— Écoute, lui dit-elle. Dieu punira ceux qui ne songent qu'aux choses de la terre ; les grêlons et la glace sont pour eux. Mais pour ceux qui élèveront leur âme vers le ciel, voici sa bénédiction sous la forme de trois épis mûrs. Va, bon forgeron, et répète ce que je t'ai dit.

« Si je répète ce que j'ai vu et entendu, on ne me croira pas, » pensa Doller. Son silence fut puni par la grêle et le malheur. Alors il confia son apparition au curé et au bailli de Morschwihr. La Chapelle des Trois-Épis fut construite.

Les pèlerins y affluèrent et une moisson d'espérance se leva par toute l'Alsace.


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