Lorsque Alexandre eut pris Thèbes, un chef thrace, qui portait le même nom que lui, eut à sa part le pillage de la maison de Timoclée, sœur de Théagêne. Or, ce chef était un grossier, avide de vin et d'or, qui, après avoir enlevé tout ce qu'il trouva, bût à l'excès et voulut faire violence à Timoclée. Celle-ci, voyant qu'elle ne pouvait éviter le déshonneur, dissimula ses sentiments véritables, puis résolut de tuer son vainqueur. Pour cela elle lui raconta qu'avant la prise de Thèbes, prévoyant le pillage, elle avait caché, dans un puits desséché, la meilleure partie de ses richesses. Le brutal, enflammé par l'amour du gain, veut, sans retard, aller s'emparer de ces biens; il force Timoclée à le mener au moment même, c'est-à-dire au milieu de la nuit, vers le puits, et à peine y est-il descendu que Timoclée, aidée de ses servantes, le fait mourir sous une grêle de pierres qu'elle fit tomber sur sa tête.
La légende de Timoclée et de la prise de Thèbes [Thèbes (Grèce-Centrale / Grèce)]
Publié le 9 décembre 2023 Thématiques: Agression sexuelle , Alexandre le Grand , Guerre , Jugement , Légende historique , Meurtre , Mort , Pillage , Protection , Puit , Ruse , Soldat ,
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Source: | Plutarque / Vertus de femmes (1126) (moins d'1 minute) |
Lieu: | Une maison / Thèbes / Grèce-Centrale / Grèce |
Source: | Wikipédia / Wikipédia (2023) (moins d'1 minute) |
Lieu: | Une maison / Thèbes / Grèce-Centrale / Grèce |
Timoclée est la sœur de Théagène, dernier commandant du Bataillon sacré et ancien adversaire de Philippe de Macédoine, mort à la bataille de Chéronée trois ans avant les faits décrits ici.
Quand les armées d'Alexandre le Grand s'emparent de Thèbes en 335 avant J.-C., la ville est livrée au pillage. La maison de Timoclée tombe entre les mains d'un Thrace, capitaine de cavalerie. Celui-ci commence par la violer1, puis exige qu'elle lui révèle où elle cache son argent et ses bijoux. Timoclée lui affirme qu'à l'approche du sac de Thèbes, elle a mis à l'abri tous ses biens précieux en les jetant dans un puits de son jardin. Le Thrace la croit, se fait conduire au puits. Alors qu'il se penche sur la margelle, la Thébaine le fait basculer d'une brusque poussée, et l'achève en lançant sur lui de lourdes pierres. Selon une autre version, c'est après que le capitaine est descendu de lui-même que Timoclée et ses servantes le lapident au fond du puits.
Timoclée est saisie par les soldats thraces et conduite devant Alexandre, liée et garrotée. Avec une grande dignité elle se présente, reconnait le meurtre mais revendique son bon droit de s'être vengée de l'homme qui lui avait fait violence. Admiratif, Alexandre la libère, avec ses enfants.
Le recueil Actions courageuses des femmes précise qu'Alexandre demande en outre à ses officiers de veiller à ce qu'il n'y ait plus d'exaction contre elle ni contre d'autres familles notables.
Timoclée captive amenée devant Alexandre, Zampieri Domenico dit Le Dominiquin, vers 1615, musée du Louvre. La principale source mentionnée par Plutarque est Aristobule de Cassandreia, contemporain et spécialiste d'Alexandre, dont les textes ne survivent que dans les citations d'autres auteurs.
La prise de Thèbes fut un épisode sanglant de la deuxième année du règne du Macédonien ; on estime que 6 000 Thébains y périrent, et que 30 000 autres furent réduits en esclavage. La ville cessa pratiquement d'exister pour quelques décennies. Le seul autre acte de clémence d'Alexandre qui ait été rapporté à l'occasion de ces événements est d'avoir épargné la maison et les descendants du poète Pindare.