Il fut un temps où tous ceux qui mouraient à Tréguier, le dimanche, entre messe et vêpres, appartenaient de droit au diable et étaient damnés.
Voici pourquoi.
C'était à l'époque où l'église de Tréguier, encore inachevée d'ailleurs, était en construction. La nef était terminée; mais il ne restait plus d'argent pour la tour. Le clergé résolut alors d'avoir recours à la bourse du diable. Polic (nom fréquemment donné au diable) promit son aide, mais en y mettant la condition énoncée ci-dessus.
Les prêtres acceptèrent. La tour fut bâtie, et il n'y en a pas dans le pays qui puisse rivaliser avec elle.
Toutefois, on ne tarda pas à trouver qu'on avait fait un marché onéreux en la payant, si élégante fût-elle, du salut de tant d'âmes. On ne pouvait rompre le pacte; on tâcha du moins de l'éluder. On s'y prit d'une façon bien simple. A peine le prêtre officiant avait-il lancé l'Ite missa est, qu'un des chantres entonnait le premier psaume de vêpres. Le diable, c'est le cas de le dire, n'y vit que du feu.
(Communiqué par Jean-Marie Toulouzan. - Port-Blanc).