Au temps jadis, les habitants de Saint-Cast avaient coutume de vouer leurs cochons à saint Jean, lui promettant un morceau d'échine, si leur bête n'avait pas d'accident.
Mais il arriva qu'une année, presque tous les cochons qui avaient été ainsi voués, furent enlevés par une épidémie, et les Câtins se dirent:
Saint Jean a laissé crever nos cochons; il paraît qu'il n'a plus de pouvoir ou qu'il est tombé en enfance, ce qui ne serait pas étonnant, car il est bien vieux. Nous vouerons les premiers que nous achèterons au bienheureux saint Antoine; il ne les oubliera pas, car on dit qu'il a toujours avec lui son petit cochon.
Qui fut dit fut fait: ils achetèrent d'autres cochons et promirent, s'il ne leur arrivait pas d'accident, de porter à saint Antoine un pied et une oreille. Les cochons profitèrent cette année-la, et ils venaient comme la pâte dans la met (huche). Aussi les Câtins étaient joyeux, et ils portèrent des pieds et des oreilles au bienheureux saint Antoine qui se trouve à la chapelle de Saint-Sébastien en Pléhérel.
Cependant saint Jean était bien navré; car il ne recevait plus un seul morceau d'échine; il se colèra bien fort, et il envoya une maladie sur les cochons, qui les fit presque tous crever. Quand les gens virent que le saint était fâché, il lui promirent de nouveau des échines, et maintenant il en a plus que saint Antoine n'a de pieds et d'oreilles.
Ce récit constate une coutume encore en vigueur: pour que les cochons profitent, sur le littoral entre Saint-Cast et Erquy, on offre un morceau de lard à saint Jean (Saint-Cast), à saint Antoine (Plurien).
En Muzillac (Morbihan), en Saint-Melaine (Ille-et-Vilaine), ont lieu des pèlerinages et des assemblées de saint Antoine très fréquentés.
Dans l'ancienne église de Bédée on voyait une statue de saint Antoine entourée de fers à cheval; les gens du pays venaient invoquer le saint quand leurs animaux étaient malades, et lui offraient un fer à cheval, une motte de beurre, ou de la laine, etc., suivant l'animal dont ils demandaient la guérison.