La légende du lion de Saint Jérôme [Bethléem (Cisjordanie / État de Palestine)]

Publié le 31 août 2023 Thématiques: Abbaye | Monastère , Aide , Âne , Animal , Blessure , Dompter , Eglise , Grotte , Guérison , Légende chrétienne , Lion , Miracle , Prière , Protection , Saint Jérôme , Saint | Sainte ,

Grotte Saint-Jérome
Grotte Saint-Jérome. Source Mandoo F via Tripadvisor
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Source: Bérenger-Féraud Laurent-Jean-Baptiste / Les légendes de la Provence (1888) (2 minutes)
Lieu: Grotte Saint Jérôme dans la Basilique de la Nativité / Bethléem / Cisjordanie / Palestine

Saint Jérôme qui, comme on le sait, eut une vie très mouvementée, et qui se retira, vers la fin de ses jours, dans une grotte près de Bethleem, pour se livrer à ses austérités et à ses méditations, était un jour en prières, lorsqu'il voit apparaître à la porte de sa grotte : un lion énorme, l'effroi du pays d'alentour.

La piété de saint Jérôme était si grande, que l'idée de la mort ne pouvait l'effrayer; cependant, on comprend qu'en se voyant ainsi, livré sans défense à la bête féroce, qui était, avec juste raison, redoutée par tout le monde, il eut un moment d'émotion.

Il fit, sans tarder, une courte prière, qu'il croyait devoir être la dernière, et il attendit sans trembler, dans l'attitude du calme et de la résignation, un assaut qu'il croyait imminent. Mais il ne fut pas peu étonné bientôt, de voir que le lion, loin d'avoir un air farouche et menaçant, avait au contraire les allures d'un suppliant.

Ce lion s'approcha doucement du saint homme, et au lieu de lui montrer ses vigoureuses dents, il tendit vers lui une de ses pattes, qui était très enflée, et dans laquelle une épine venimeuse était enfoncée.

Mu par ce sentiment de charité qui l'avait dominé toute sa vie, saint Jérôme se hâta de regarder la partie malade; bientôt il fut assez heureux pour retirer l'épine, et procurer un grand soulagement au lion.

Celui-ci lui manifesta sa joie par mille caresses; et se coucha aux pieds de saint Jérôme pour le garder et le défendre, désormais, contre les agressions dont il pouvait être la victime.

Puis, comme les malfaiteurs s'attaquaient aux propriétés et aux bêtes domestiques comme aux gens, le lion se mit à faire bonne garde pour défendre les biens du couvent que gouvernait son bienfaiteur; il remplit si bien son office, que jamais les malintentionnés ne purent réussir à leur faire le moindre tort.

Le couvent ne possédait qu'un âne pour toute bête de somme, il y avait un intérêt capital à protéger ce modeste serviteur; de sorte que le lion s'attacha tout particulièrement à le surveiller. Chaque matin il le conduisait au pâturage, et jamais personne ne put essayer de le dérober.

L'âne vieillit donc sans être inquiété. Puis un jour la mort le surprit, et le couvent éprouvait, du fait, de cette mort une perte considérable; car toute faible qu'était la modeste bête de somme, elle rendait de grands services quotidiens à porter du bois, des légumes ou du grain.

Le lion comprit le chagrin qu'éprouvait saint Jérôme, et, dans son extrême désir de lui témoigner sa reconnaissance, il se mit à faire le service du pauvre baudet; de sorte qu'on vit ce phénomène extraordinaire : d'une bête féroce qui remplissait l'office d'un animal domestique avec un dévouement admirable. Ce lion que saint Jérôme avait soulagé, était ainsi devenu son compagnon, son défenseur et son serviteur; il ne se démentit pas une minute de son rôle admirable, pendant tout le restant de ses jours.

Voilà la légende qui, pendant de longs siècles car on se souvient que saint Jérôme, né en 330, mourut en 420 après J.-C. a couru de bouche en bouche dans les couvents et les associations religieuses de toute la catholicité.


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