La légende du rocher des Sahâri [Ain El Turk (Ain El Turk / Algeria)]

Publié le 16 octobre 2024 Thématiques: Dispute , Impiété , Légende musulmane , Miracle , Pierre | Roche , Punition ,

Homme portant une énorme roche
Homme portant une énorme roche. Source Midjourney
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Source: Certeux A. / Contributions au folk-lore des Arabes: l'Algérie traditionnelle, légendes ... (1884) (2 minutes)
Contributeur: Fabien
Lieu: Djebel Seudjas / Ain El Turk / Ain El Turk / Algeria

Du temps de Sidi Mohammed ben Aliya, vivaient dans le Djebel Seudjas les Oulad-Daoul et les Oulad-Tabet.
La discorde divisait un jour ces deux fractions. Le tumulte était grand; le sang était près de couler, quand apparut Sidi Mohammed ben Aliya.

« Eh quoi! leur cria-t-il, ne pouvez-vous un instant maîtriser vos sentiments batailleurs? Grâce à mes prières, jusqu'ici, vous avez joui d'un bien-être parfait. Au lieu de dépenser votre force dans des conflits inutiles, réservez-la donc pour le moment où les goums affamés de la R'azia, plus nombreux que les nuées de Gata et de Koudri du Zarès, désoleront vos montagnes. »

Mais ces hommes, animés les uns contre les autres de tout ce que les passions peuvent mettre de fureur au cœur humain, s'obstinèrent à ne pas écouter les paroles de conciliation du marabout. Ils s'oublièrent même jusqu'à lui dire :
« Qui es-tu? De quel droit te mêles-tu de nos affaires ? Nous permettions à nos femmes de croire à ta sainteté, mais quant à nous.... nous n'avons que faire de tes remontrances intempestives ! »

L'homme de Dieu, indigné de leurs blasphèmes, arracha des flancs de la montagne un énorme rocher que cent individus robustes n'auraient même pas pu ébranler.

A l'aspect de ce prodige, les combattants sentirent leurs armes glisser dans leurs mains tremblantes; ils se prosternèrent aux pieds du saint en implorant son pardon.

Mais le marabout, soulevant au-dessus de leurs têtes la roche colossale, entre ses mains plus légère que le grain de sénevé de l'Ecriture, leur cria d'une voix qui passa en frémissant sur tout le Zarès :
« Ce n'est pas chez vous non plus, race de chiens, que le bien peut trouver sa place; mon dessein était d'abord d'ensevelir vos inimitiés sous cette pierre, et votre âme perverse s'y est opposée. Gens dévoués au malheur! je vous abandonne dès ce moment à votre démence; mais souvenez-vous que la prospérité s'est pour jamais éloignée de vous. Vous chercherez votre nourriture dans les branches du genévrier aux fruits amers. Votre bonheur cesse d'exister.... je l'enfouis sous ce rocher... »

Il dit, et le bloc de granit retomba sur le sol où il s'enfonça lourdement. Toutes les tentatives des Sahari pour relever la pesante masse restèrent infructueuses, et depuis ce temps le genévrier nourrit à lui seul les pauvres familles du pays.


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