La légende de La Djnoun Metidja [Rahmania / Zeralda / Algeria]

Publié le 4 juillet 2025 Thématiques: Accueil , Bonne fée , Château , Destruction , Disparition , Fée ,

Fée dans son château en ruine
Fée dans son château en ruine. Source OpenAI
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Source: Certeux A. / Contributions au folk-lore des Arabes: l'Algérie traditionnelle, légendes ... (1884) (2 minutes)
Contributeur: Fabien
Lieu: Rahmania / Rahmania / Zeralda / Algeria

Auprès de l'endroit où aujourd'hui s'élève le village de Sainte-Amélie, habitait bien longtemps avant le Prophète une Djnoun ou Fée merveilleusement belle. Cette fée se nommait, dit-on, Metidja. Son palais, construit par les génies, était superbe; les colonnes d'albâtre, les coupoles étincelantes, les balcons d'or travaillé ne pouvaient s'y compter tant ils étaient nombreux. Dès qu'un voyageur venait à passer dans les environs, les serviteurs de la Djnoun l'avaient bientôt amené au palais de la fée. Aussitôt, des nègres le débarrassaient de ses vêtements poudreux, le conduisaient aux étuves et le revêtaient d'habillements de la plus grande finesse. Dans une salle toute pavée de pierres précieuses, la princesse Metidja recevait le voyageur et le faisait prendre sa part d'un festin où étaient servis les mets les plus succulents, et où les vins les plus exquis étaient versés dans des coupes d'or fin. Des danseuses choisies parmi les autres fées, compagnes de la Djnoun, se livraient aux danses les plus enivrantes aux sons d'un orchestre invisible de Djouak, de Kamentcha, de Kanoun, de Derbouka et de mille autres instruments. Puis la Djnoun conduisait l'heureux voyageur dans une salle plus merveilleuse encore où l'attendaient tous les plaisirs. Le lendemain - car la belle était inconstante - l'Arabe reprenait à regret sa route emportant sur son chameau mille présents de la Djnoun qu'il ne devait jamais plus revoir.

Il arrivait parfois que les serviteurs de la Fée ne pouvaient parvenir à rencontrer le voyageur cherché. Alors le Palais de la Djnoun s'embrasait éclairant dans le lointain et appelant l'attention des gens égarés aux environs. La princesse Metidja, vêtue d'une longue robe blanche, ses longs cheveux noirs en désordre sur ses épaules nues, errait par les bruyères en fleurs, chantant tristement et répandant par les airs des parfums voluptueux qui portaient au loin l'égarement et la passion dans le cœur des mortels.

Mais la belle Djnoun vieillit; ses longs cheveux noirs blanchirent à la longue; ses beaux yeux perdirent leur vivacité, ses joues se creusèrent, et la lente maladie bleuit ses chairs autrefois si roses. Les génies du lieu moururent les uns après les autres; le merveilleux palais s'écroula, et de ses ruines, un seul puits profond resta. Au fond de ce puits on peut encore voir dans un linceul la Djnoun Metidja qui, malgré les ans, brûle encore de l'amour qui toujours la consuma.

(Cf. pour cette légende, V. Bérard, Poèmes Algériens, p. 166 et suiv.)


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