[J'ai l'impression que la légende mélange des personnage. Elle nous parle de Sidi Ali Bou-Nab, mais celui-ci à vécu au 19ème siècle. Peut être s'agit il d'Ali ibn Abi Talib à la bataille de Khaybar. Pour l'instant je n'ai pas réussi à recouper avec un autre texte]
Sidi-Ali, le compagnon du Prophète, avait envoyé son Makhzen à Sétih qui commandait la ville de Teukria. Les envoyés devaient lui demander de payer le lezma obligatoire s'il ne voulait supporter le poids de ses armes victorieuses. Sétih avait donné tout ce que réclamait Sidi-Ali. Mais regardant la force de ses murailles, les soldats nombreux et aguerris dont il disposait, il eut honte de sa conduite, reprit le tribut et ordonna de mettre à mort les cavaliers de Sidi-Ali.
Le chef du Makhzen, quoique grièvement blessé, eut encore la force d'appeler le pigeon qui portait les messages.
« Enfant de la colombe, dit-il, viens à moi, sois-moi fidèle, rends-moi heureux par la vengeance, viens, charge-toi de cette missive, porte-la à Bou-Nabal dis-lui de pleurer sur ses guerriers les plus braves morts assassinés par Sétih; dis-lui que moi-même je vais mourir. »
Aux premiers mots du chef, le pigeon était arrivé, en disant de sa douce voix :
« Me voici, me voici ! Ne crains rien, je suis fidèle. »
Il prit la lettre et la porta à Sidi-Ali.
Celui-ci agité de pressentiments aperçut le pigeon messager.
« Donne-moi cette lettre, s'écria-t-il. »
Les yeux de Bou-Nabal se gonflèrent de larmes à la lecture de la lettre; il déchira ses vêtements et sanglota bien fort; puis il se leva et s'agita en proie à la plus violente folie; ses cheveux se hérissèrent ainsi que des animaux en furie; ses amis s'approchèrent autour de lui: << Que veut dire ton indignation, ô Bou-Nabal ?
« C'est que notre messager ailé vient d'arriver pour m'annoncer qu'il faut pleurer ceux du Makhzen!
« Hé bien, que nous ordonnes-tu de faire ?
« Il nous faut marcher contre le traître ; il nous faut camper chez lui avant qu'il soit informé de notre arrivée ; il lui faut rendre la douleur qu'il nous cause. »
Aussitôt, Sidi-Ali monta sur son magnifique coursier; personne dans son armée n'était plus beau que lui à cheval.
Un de ses compagnons lui dit :
« Nous allons attaquer un homme redoutable et une place bien forte; combien sommes-nous ? »
Mais Sidi-Ali lui répondit :
« Pourquoi m'adresses-tu une pareille question? Que peut nous faire le nombre? Ne vois-tu pas que c'est le fils de Bou-Nabal qui vous conduit au combat? Ignores-tu que je surprends mon ennemi, alors qu'il me croit bien loin encore? Ne m'as-tu pas vu lorsque, pareil au moissonneur dont la faux étend autour de lui les épis de blé, s'amoncellent autour de moi les cadavres de mes ennemis ? »
Son armée enthousiasmée s'ébranla, et plus rapide que l'oiseau arriva sous les murs de Teukria en criant trois fois Bou-Nabal ! Les Romains furent épouvantés... N'avez-vous pas aperçu Hassan, fils d'Ali, sur son coursier noir ? Il a tiré de son fourreau le glaive de la destinée ! Ah, le voici !... Non, il est là-bas !... Il est partout !... Et sa main sème les coups sur ces infidèles.
Malheur à toi, Sétih! Vil sorcier, ton pouvoir ne te mettra pas à l'abri de son épée !...
Sétih et son armée avaient déjà disparu et le héraut proclamait sur les ruines de Teukria la victoire du vaillant Sidi-Ali.