Deux enfants de Rimbach-Zell étaient allés un soir cueillir des fraises dans la forêt. Jasant et folâtrant, ils arrivèrent ensemble, guidés, comme on peut l’être à cet âge, par le vol d’un papillon, à une petite clairière illuminée par un dernier rayon de soleil. Tout à coup ils s’arrêtent, immobiles et muets, les yeux fixés sur le bassin d’une source. Qu’ont-ils aperçu ? Sur le miroir tremblant de l’onde, ils voient nager, voguer au souffle de l’air, une feuille jaune gracieusement recourbée en forme de nacelle, et a dans cette nacelle se tenir une princesse, une reine! Mais si petite! si petite et si fluette! que l’on dirait une libellule se reposant sur un nénuphar.
Tout à l’entour de la source sont rangées en file de charmantes maisonnettes, comme une cité au bord d’un lac. Dans l’eau, sur le sable, parmi les fleurs a du gazon, partout des pièces d’or qui miroitent au soleil! A la vue de ce spectacle, les enfants émerveillés ne se possèdent plus de joie : un cri d’admiration leur échappe, et au même instant un bruit se fait entendre comme d’une pierre tombant dans la source. L’eau rejaillit, écume, bouillonne, et en un clin d’oeil, reine et cité, nacelle et or, tout a disparu. »