Quand il y a des naufrages dans la baie de Douarnenez, la mer transporte les noyés dans la grotte de l'Autel, près de Morgat. Leurs âmes séjournent en ce lieu pendant huit jours, avant de partir définitivement pour l'autre monde. Malheur à qui troublerait leur pénitence, en s'aventurant dans la grotte durant ces huit jours! il y périrait de male mort.
Celui dont je tiens ce renseignement, Pierre Prosper de Douarnenez, le complétait à l'aide de l'histoire que voici (on la raconte encore dans le pays).
Un brick anglais vint faire côte sur les rochers de Beg-ar-Gador (la pointe de la Chaise). Équipage et passagers furent engloutis. Le lendemain du sinistre, des marins, passant devant l'ouverture de la grotte de l'Autel, entendirent des cris de détresse qui venaient de l'intérieur. « Ce sont les noyés,» pensèrent-ils, et ils se signèrent, mais pour s'éloigner au plus vite. A quelque distance, ils rencontrèrent un douanier de service, à qui ils firent part de la chose. Le douanier sauta incontinent dans une barque, et, malgré les protestations indignées des marins, il pénétra dans la grotte. Il y trouva une jeune Anglaise cramponnée au rocher en forme d'autel, d'où la grotte a pris son nom. L'histoire se termine en idylle. La jolie naufragée épousa, dit-on, son sauveur.
La grotte de l'autel a une profondeur de 40 mètres. C'est une des curiosités célèbres de la baie de Douarnenez. Émile Souvestre en a jadis donné, dans Les Derniers Bretons, une description quelque peu romantique, mais qui n'a cependant pas trop vieilli.