La légende du trésor de Rusguniae [Bordj El Bahri (Dar El Beida / Algeria)]

Publié le 8 octobre 2024 Thématiques: Blessure , Eau , Lieu cachant un trésor , Protection , Trésor ,

Les ruines de Rusguniae
Les ruines de Rusguniae. Source Auteur inconnu, Public domain, via Wikimedia Commons
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Source: Certeux A. / Contributions au folk-lore des Arabes: l'Algérie traditionnelle, légendes ... (1884) (2 minutes)
Contributeur: Fabien
Lieu: Rusguniae / Bordj El Bahri / Dar El Beida / Algeria

Les ruines romaines de Rusgunia, au cap Matifou, renferment des trésors merveilleux. Aussi, il y a une trentaine d'années un taleb marocain, guidé par trois indigènes d'Alger, résolut-il de se mettre à la recherche de ces richesses incomparables. Voici le récit que fit de cette excursion l'un des indigènes qui accompagnaient le taleb :

« Nous avons trouvé sur le bord de la mer l'entrée d'un souterrain à l'endroit indiqué par nos renseignements. Après avoir brûlé des parfums, selon l'usage, nous avons pénétré dans un caveau en pierres qui nous a conduits dans un autre de même dimension, et, de celui-ci, dans un troisième également maçonné. Là, nous avons aperçu trois bassins: le premier était rempli de mercure, le deuxième contenait de l'eau bouillante, et le troisième était plein, jusqu'à la margelle, de pièces d'or plus larges que des douros. Au-dessus de ce dernier, pendait une longue épée nue, par un fil tellement fin qu'il était presque invisible à l'œil. Après avoir fait les conjurations et les fumigations obligatoires, le maugrebin (1) voulut prendre des pièces d'or; mais le bassin à l'eau bouillante lui lança des jets d'eau en si grande abondance qu'il fut affreusement échaudé et qu'il se trouve encore aujourd'hui forcé de garder la chambre en attendant la guérison. »

Croyant avoir trouvé la formalité essentielle qui, la première fois, avait dû être omise, les compagnons du taleb marocain firent une deuxième tentative, mais au moment où ils allaient mettre la main dans le bassin aux pièces d'or, une rivière profonde surgit tout à coup et se mit à couler entre eux et le trésor. Les indigènes durent revenir à Alger sans avoir pu profiter des trésors du cap Matifou.

Après avoir mûrement réfléchi, ils se demandèrent si la présence d'un chrétien ne serait pas nécessaire pour mener à bonne fin leur expédition. En conséquence, ils s'adressèrent à un membre de la Société historique algérienne, par l'intermédiaire d'un coulougli d'Alger, Dahmanben-Tchikikoun-el-Boumbadji. Le chrétien ayant naturellement refusé la direction d'une entreprise où un habile magicien du Maroc avait échoué et s'était fait échauder par le bassin d'eau bouillante, le trésor resta au cap Matifou.

Aussi les indigènes sont-ils encore fermement convaincus que les ruines de Rusgunia renferment de riches trésors, de même qu'ils croient aux Sept-Dormants reposant dans une grotte voisine.


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