Un soir d'avril 1592, un nommé Claude Bérard, allant du Pin-la-Garenne à Comblot, pour les besoins du fisc, fut assassiné près du moulin de Montretout.
Le crime n'ayant pas eu de témoin, les assassins, pour en faire disparaître les traces, creusèrent un trou, y jetèrent le cadavre et le couvrirent de terre et de pierres, puis, croyant bien que le crime resterait ignoré, ils disparurent.
Bérard, à son départ du Pin, était accompagné d'un chien de forte taille. Le soir, l'animal rentra seul au logis et, allant à la femme de son maître, la tira par sa robe comme s'il voulait l'eutraîner dehors.
Ne comprenant rien à ses allures, la femme, qui n'attendait pas son mari ce soir là, crut que l'animal voulait jouer et, grossissant sa voix, elle l'envoya coucher.
La pauvre bête ne pouvant se faire comprendre s'élança dehors en jetant quelques cris plaintifs et disparut dans la campagne.
Une heure après elle revint et recommença le même manège. Ennuyée, sa maîtresse l'enchaîna dans une petite cour close de haies qui tenait à l'habitation et se disposa à se mettre au lit.
A peine était-elle dans sa chambre que le chien, par une violente secousse, cassa sa chaîne et disparut de nouveau,
A partir de ce moment, il ne revint plus, mais, le lendemain, des gens venant de Comblot, affirmèrent l'avoir aperçu à l'angle d'un champ, grattant la terre de ses pattes en hurlant tristement.
Il était d'autant plus facile à reconnaître qu'il était blanc et portait un fort collier au cou, auquel pendait une longue chaîne.
Justement inquiète de ces nouvelles, la femme de Bérard, accompagnée de plusieurs voisins se rendit à l'endroit indiqué et aperçut en effet, de loin, l'intelligent animal occupé à sa triste besogne. Aussitôt qu'il vit venir tout ce monde, il s'enfuit; malgré les appels dont il fut l'objet, on le perdit bientôt de vue, mais le bruit de sa chaîne traînant sur les cailloux du chemin s'entendit longtemps encore.
On creusa à l'endroit indiqué par la présence de l'animal et bientôt le cadavre de Bérard fut découvert. On le transporta au Pin où il fut inhumé en terre sainte.
En mémoire de cet assassinat, une croix fut élevée à l'endroit même où le crime avait été commis. On la voit encore aujourd'hui au carrefour formé par les chemins du Pin à Comblot et au moulin de Montretout.
A dater de ce jour, tous les soirs on entendit des hurlements partir de l'endroit où s'élève celte croix et, si on avançait, en voyait aussitôt s'enfuir un chien blanc traînant après lui une longue chaîne, ce qui lui a valu le nom de la Berdinse. (Dans le vieux patois percheron, berdinser est synonyme de sonner; on appelle quelquefois une sonnette une berdinsette.)
Par la suite, les gens du pays prétendirent que l'animal en question se voyait encore, mais à certaines époques seulement à la fête des Trépassés, la nuit de Noël, etc. Aujourd'hui, les apparitions sont moins fréquentes, et cela se comprend : pour les voir, disent les bonnes femmes, il faut être en étal de grâce.......... et il y a si peu de gens qui le soient !