Un habitant du territoire de Bauquencée possédait un taureau nommé Sala, qui abandonnait souvent son troupeau, courait dans le bois, et quoique longtemps cherché par le maitre, par sa famille et par le chien, restait introuvable, puis au bout de cinq à sept jours reparaissait tout à coup en bon état, lorsqu'on le croyait perdu pour toujours. Cela arrivait souvent et cet accident était passé en habitude; c'était un jeu pour le voisinage qui s'en était aperçu et l'on laissait au Taureau la faculté d'aller et de revenir. Quelque temps après, la curiosité des pâtres fut excitée, et l'on s'attacha obstinément à observer les courses de cet animal, que l'on suivait à travers l'épaisseur de la forêt. Pour cette recherche, les pâtres s'adjoignirent un homme habile nommé Douillet, qui, comme les chiens, suivait habilement la trace du taureau, jusqu'à ce qu'il le trouvât couché et comme priant devant l'autel de l'apôtre Saint-Pierre. Les constructions étaient à découvert, excepté dans les points qui étaient enlacés de lierre. En apprenant ces choses, les vieillards les plus chenus se rappelèrent que, comme leurs pères le leur avaient raconté, cette retraite avait été habitée par Saint-Evroult.
(Bibliothèque d'Alençon, Ms. n° 2653, fol. 69 r° - 70 r°)