Une des portes de Constantinople qui donnent sur la mer Propontide, est appelée par les Turcs: Djatlati Capou, c'est-à-dire : la Porte crevée. Voici l'origine de ce nom :
Avec l'aide de quarante chevaliers arméniens, les Byzantins avaient vaincu leurs. ennemis. On invita les quarante chevaliers à venir visiter la capitale. Les Arméniens étonnèrent les Byzantins par leur belle prestance et par leur taille gigantesque.
Les habitants de Byzance demandèrent à l'empereur de régénérer la race du pays en donnant quarante jeunes femmes aux chevaliers pour en avoir des enfants.
Les Arméniens épousèrent des jeunes filles grecques qui ne tardèrent pas à se trouver enceintes. Alors l'empereur donna l'ordre de massacrer les chevaliers.
Une des jeunes femmes apprit par hasard qu'on allait exterminer les Arméniens. La nuit venue, elle se coucha en pleurant. – Qu'as-tu à pleurer ainsi? lui demanda le chevalier. C'est que je vais te perdre. – Et comment ? Tous les Arméniens seront massacrés cette nuit même ! »
Le chevalier sella aussitôt son cheval, prit sa femme en croupe et s'enfuit. Malheureusement les portes de la forteresse étaient fermées. L'Arménien, après avoir examiné toutes les portes, arriva à une dernière, la Porte de Fer, qu'il trouva également fermée. Dans sa colère et son désespoir, il cria: Porte, que tu sois crevée ! »
A l'instant, la Porte de Fer se creva et le chevalier put s'enfuir vers Chalcédoine par la voie de mer.
Lorsque la mer est calme, on voit dans la mer de Chalcédoine – Kadi-Queui – les traces des sabots de fer du cheval arménien.
Le chevalier se nommait Serkiz le Héros, celui qui enleva la fille grecque.
Conté par Hadji-Artin-Kalenderoglou, Arménien, né à Aigîn, Asie-Mineure, pharmacien, âgé de 57 ans.