La légende des vaches noires de Sidi Mohammed ben Salah [El Idrissia (El Idrissia / Algeria)]

Publié le 28 septembre 2024 Thématiques: Accueil , Animal , Echange , Légende musulmane , Mauvais accueil , Promesse , Promesse rompue , Punition , Vache ,

Le vieil homme et les vaches noires
Le vieil homme et les vaches noires. Source Midjourney
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Source: Certeux A. / Contributions au folk-lore des Arabes: l'Algérie traditionnelle, légendes ... (1884) (2 minutes)
Contributeur: Fabien
Lieu: El Idrissia (Zenina) / El Idrissia / El Idrissia / Algeria

Peu de temps après la venue du Prophète, quand les Beni Bedarna peuplaient le ksar de Zenina, vint de l'Ouest Sidi Mohammed ben Salah. Le jour où le saint homme fit à pied son entrée dans la ville, il trouva les principaux habitants réunis sur la place. Il les aborda en leur criant:
« Gens de Zenina, vendez-moi vos terrains avec toutes les maisons pour cent vaches noires avec leurs veaux. »

Ils le regardèrent d'abord tout surpris et se mirent à rire à la vue des haillons dont il était couvert. Mais Sidi Mohammed, sans paraître remarquer ce qu'il y avait de blessant pour lui dans leur accueil, répéta tranquillement sa demande. Alors la djema pensa qu'il était fou ou qu'il voulait s'amuser à ses dépens. Ne voulant pas le maltraiter à cause de sa figure vénérable, les habitants eurent l'air de consentir à sa proposition, pour ensuite mieux le tourner en dérision et le chasser ignominieusement de la ville.

Sidi Mohammed leur dit alors:
« Attendez-moi ici; qu'une seule personne parmi vous me suive, pour venir prendre possession du prix de l'achat. »

Parvenu près de l'endroit qui aujourd'hui porte le nom de Begariya, à l'ouest de Zenina, l'étranger dit à son compagnon:
« Ferme les yeux et surtout ne les ouvre que sur mon ordre. »

Il fut obéi machinalement. Le saint, car c'en était un véritablement, commença à compter à haute voix, un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, etc..., jusqu'à quatre-vingt-dix. A ce nombre, l'habitant de Zanina, intrigué, presque effrayé d'entendre autour de lui un bruit qu'il ne pouvait reconnaître, ne put résister à sa curiosité; il ouvrit timidement les yeux avec dessein de les refermer aussitôt. Quel ne fut pas son étonnement de se voir au milieu d'un innombrable troupeau de vaches noires! Elles défilaient silencieusement devant le prétendu fou, qui les comptait à mesure qu'elles passaient près de lui. Mais son épouvante fut grande quand il vit dix de ces animaux se tourner de son côté et disparaître de la terre entr'ouverte ! Il tomba aux pieds du saint qui lui cria tout courroucé :
« Pourquoi as-tu enfreint mes ordres ? Pour punir ta désobéissance la volonté de Dieu ne veut plus vous donner que quatre-vingts vaches. »

A son retour, les vendeurs essayèrent de se dédire de leur marché, mais la loi donna raison à l'homme de Dieu.

L'acte de vente fut rédigé par les tolba, en présence d'une foule de témoins attirés par cette nouvelle extraordinaire.

Les habitants furent très heureux d'avoir reçu parmi eux un marabout; ils se mirent avec respect sous sa dépendance; et, par la suite, témoins de nouveaux et nombreux miracles, chaque jour voyant sa piété, assistant à ses vertus, ils lui élevèrent, après sa mort, la koubba qui se trouve à l'entrée du village.

(Recueilli à Zenina par M. l'interprète Arnaud, en 1863.)


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