À Vichten, on pouvait encore voir, il y a cinquante ans, les habitations des lutins : de petites pièces souterraines et de petits puits.
Un homme, croyant découvrir un trésor en creusant dans son jardin, tomba sur une de ces habitations souterraines préservées par le temps.
C’est là, dit-on, que les lutins vivaient : de petits êtres qui ne faisaient que du bien aux humains.
Il y a à peine dix ans, un homme est mort à Vichten, et l’on racontait que, dans son enfance, les lutins l’avaient bercé.
Le dimanche matin, pendant que les habitants étaient à l’église, les lutins entraient silencieusement dans la maison, berçaient l’enfant, et nourrissaient les chevaux et les vaches.
Un jour, un fermier qui labourait son champ entendit du bruit de vaisselle provenant du sous-sol.
Il s’exclama :
« Eh bien ! Faites-moi aussi un petit gâteau ! »
Quand il revint, après avoir tourné sa charrue, il trouva à l’endroit exact un petit gâteau posé sur une nappe propre soigneusement étalée sur le sol. Il le mangea avec plaisir.
Selon L’Évêque de la Basse-Moutûrie, se trouvaient, sur la route de Vichten à Bilsdorf, des ruines d’anciens bâtiments, où aurait jadis été construit le palais des lutins.
Vichten elle-même, comme son nom le laisse entendre, aurait été la capitale des lutins.
Là, le roi Schaddai régnait en paix sur ce peuple, jusqu’à ce qu’une révolte n’éclate, dans laquelle le roi perdit la vie.
Sous la colline du Scheuerbusch, dans des galeries souterraines, vivaient aussi des lutins si riches qu’ils nourrissaient leurs souris avec de l’or.
On prétend en avoir vu ronger une pièce d’or en courant autour d’elle.
Les lutins de Vichten étaient réputés plus riches que tous les autres.
Un jour, un lutin de Vichten aurait dit à l’un de ses semblables du Scheuerbusch :
« Si vous labourez vos champs avec des charrues d’argent, nous, nous avons des charrues en or. »
Parmi leurs privilèges, les lutins de Vichten avaient le droit, chaque samedi, de réclamer un four de gâteaux (Flämekoch) à une famille du village.
