Un Arabe nommé Ahmed el Hadjout avait été fait prisonnier par les Espagnols et emmené en Europe. Or, le maître du Hadjout devait connaître le Tombeau de la Chrétienne et posséder l'art de la magie, car ayant su que son prisonnier était voisin du Kober-Roumia, il l'appela et lui offrit la liberté sous cette condition d'aller brùler un certain papier au sommet de l'édifice. Naturellement, Ahmed el Hadjout accepta cette proposition avec joie, et quelque temps après il put reprendre la mer et rentrer à Alger.
Lorsque l'Algérien eut passé quelques jours parmi les siens, il songea à remplir sa promesse et se rendit au sommet du Tombeau de la Chrétienne. Il prit le papier tout couvert de caractères bizarres et l'alluma. Mais à peine le talisman fut-il consumé, que Ahmed el Hadjout vit le tombeau s'ouvrir et une quantité considérable d'or, d'argent, de pierreries en sortir et partir dans la direction de l'Espagne, sans doute chez le magicien de ce pays.
Voulant intercepter une partie de ces richesses pour se les approprier, il jeta son burnous sur l'ouverture du tombeau; mais le charme était rompu ; il ne sortit plus rien et le Tombeau de la Chrétienne se referma sur le trésor. Ahmed el Hadjout dut se contenter de ce qui se trouvait sous le burnous; mais on assure qu'il n'eut pas trop à se plaindre, car la valeur en était telle qu'elle lui permit de passer dans la suite pour un des plus riches de la ville d'Alger.
(C.f. pour cette dernière légende, Pellissier de Raynaud, Annales algériennes; Berbrugger, Revue africaine, no 61, p. 32; V. Bérard, Poèmes algériens, p. 117, etc.).