La légende du pont d’Avignon [Avignon (Vaucluse), La Tour-en-Maurienne (Hermillon),(Savoie)]

Publié le 20 octobre 2024 Thématiques: Architecte , Berger , Construction , Construction de pont , Demande divine , Dieu , Pont , Saint Bénèzet , Saint | Sainte ,

Le Pont d’Avignon
Le Pont d’Avignon. Source Chimigi, CC BY-SA 2.0 FR, via Wikimedia Commons
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Source: Dessaix Antony / Légendes et traditions populaires de la Savoie (1875) (2 minutes)
Lieu: Rocher Saint-Bénézet / La Tour-en-Maurienne (Hermillon) / Savoie / France
Lieu: Pont d’Avignon Saint-Bénézet (pont d’Avignon) / Avignon / Vaucluse / France

Le Pont d’Avignon n’a pas seulement sa chanson, mais encore sa légende.

Il paraît qu’il fut un temps où les architectes étaient d’une épaisse ignorance. C’est à telle enseigne que la construction du pont d’Avignon ne touchait pas à sa fin.

Mais où les mathématiciens les plus consommés perdent leur latin, les Henri Mondeux se tirent d’affaire par sous-jambe. Là où les polytechniciens du temps avaient échoué, un berger de la Maurienne fit un chef-d’œuvre.

Or, un pont, qu’il soit d’Avignon ou de Rumilly, ne peut se faire que sur place. Il fallut donc que le berger consentit à quitter sa montagne et son troupeau. Une semblable détermination ne se prend pas si facilement qu’on semble le croire par ce temps où la vie nomade paraît reprendre faveur, et l’intervention supérieure est de mise en Maurienne comme à Domrémy. C’est sur une invitation formelle que Jeanne d’Arc a quitté sa quenouille, et le berger de la Maurienne ne s’est pas expatrié sans exiger les mêmes formalités.

Ce berger était baptisé sous le nom de Benoît; mais l’exiguité de sa taille l’avait fait surnommer Bénezet, c’est-à-dire le petit Benoît. Un jour que Bénezet faisait paître son troupeau sur les hauteurs du village d’Hermillon, il entendit une voix surnaturelle qui l’appela par trois fois. Il prêta l’oreille et reconnut la voix de Jésus-Christ. Un dialogue s’établit entre Notre-Seigneur et le berger, mais la tradition n’en a pas gardé le texte fidèle. Tout ce qu’on sait pertinemment, c’est que le Seigneur ordonna à Bénezet de suppléer à l’ignorance des architectes de la ville d’Avignon et d’aller dans cette ville pour y jeter un pont sur le Rhône. Bénezet obéit, comme on peut bien le croire, et le pont a été fait… où il est.

Pour récompenser Bénezet, qui fut canonisé à bref délai, on éleva une chapelle au milieu du pont, dans laquelle il fut enseveli. Plus tard, la chapelle menaçant ruine, les saintes reliques. furent transférées à Avignon, dans l’église de l’Hôpital, où elles se trouvent encore et où elles sont exposées à la piété publique.

Et dire que la Savoie fournit des architectes. pour faire des ponts sur le Rhône et que s s voies ferrées qui parcourent la Maurienne n’ont pas encore su se défendre contre l’invasion des torrents de la contrée ! Il paraît qu’il en est des architectes comme des prophètes: on ne l’est pas dans son pays.


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