Le trésor des moines de Mortagne [Mortagne-au-Perche (Orne)]

Publié le 17 mars 2024 Thématiques: Abbaye | Monastère , Château , Date précise , Diable , Lieu cachant un trésor , Messe , Nuit , Soldat , Trésor ,

Porte Saint-Denis
Porte Saint-Denis. Source Ikmo-ned, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons
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Source: Pitard, P. / Légendes et récits percherons (1875) (2 minutes)
Contributeur: Fabien
Lieu: Porte Saint-Denis / Mortagne-au-Perche / Orne / France
Lieu: Collégiale de Toussaint (détruite) / Mortagne-au-Perche / Orne / France

Au mois de mars 1562, le bruit se répandit tout-à-coup à Mortagne, que les Huguenots, sous les ordres de l'amiral Coligny, s'apprêtaient à marcher sur la ville pour s'en emparer. L'expédition en valait la peine. Mortagne, à cette époque, possédait plusieurs maisons religieuses qui passaient pour être fort riches. La collégiale de Toussaint, entre autres, était bien faite pour tenter la cupidité d'une soldatesque qui ne respirait que le pillage. Son église souterraine, dont une partie forme aujourd'hui les caves du tribunal civil, renfermait, disait-on, les statues, en or massif, des douze apôtres.

A la nouvelle de l'approche des Huguenots, les chanoines n'eurent naturellement rien de plus pressé que de chercher un endroit pour y cacher les objets qui n'étaient pas absolument nécessaires à l'exercice quotidien du culte.
Les souterrains du château, dans l'enceinte duquel se trouvait la collégiale, parurent devoir leur offrir toutes les garanties de sécurité désirables et ils se hàtèrent d'y transporter leurs vases sacrés et leurs ornements les plus précieux. A l'endroit le plus profond, sous la poterne, un trou fut creusé, et le dépôt sacré y fut placé par la main même du supérieur.

Le 22 mars, les troupes de Coligny entrèrent à Mortagne et le saccagèrent; plus tard, d'autres huguenots y vinrent également, si bien que, toujours dans l'attente de nouveaux ennemis, les trésors enfouis dans les profondeurs du château de Toussaint ne furent point recherchés jusqu'en 1593, c'est-à-dire jusqu'à ce que l'abjuration d'Henri IV ait rendu la paix à la France.

Au mois d'août de cette même année, les chanoines pensant qu'ils n'avaient plus rien à craindre, voulurent retirer le précienx dépôt de sa cachette.
Par malheur, le supérieur de la collégiale qui avait procédé lui-même à l'enfouissement était mort, et les religieux ne purent, malgré le soin qu'ils mirent à leurs recherches, retrouver la moindre trace de ce qui était caché.
A différentes reprises, dans la même année, des fouilles furent entreprises, mais toujours sans résultat.

Enfin, le 25 décembre suivant, un soldat, qui s'était enivré la veille, et avait trouvé le moyen, pour cacher sa position, de se glisser dans les souterrains, prétendit pour excuser son absence que, poussé par une force surnaturelle, il avait été forcé de descendre sous le château et que, au moment où le sacrement de la messe sonnait à l'église Notre-Dame, alors nouvellement construite, les profondeurs de la porte St-Denis s'étaient tout-à-coup illuminées et Satan en personne lui était apparu montrant du doigt, et toute ouverte, la cachette où étaient renfermés les trésors de la collégiale. Parmi ces trésors, ajoutait-il, il avait parfaitement distingué les statues des douze apôtres. Cette apparition n'avait duré que quelques minutes, puis l'obscurité la plus profonde avait succédé à la lumière satanique et le diable luimême avait disparu.

Ce conte trouva facilement créance et se répandit rapidement parmi la garnison et de là en ville, et tout le monde fut bien convaincu que si, la nuit de Noël, au moment de l'élévation, quelqu'un se trouvait dans les souterrains de la porte St-Denis, il verrait certainement Satan en personne lui montrer la fameuse cachette.

Cette croyance est venue jusqu'à nos jours, et il y a peu d'années, un habitant de Mortagne, fit des recherches qui ne furent pas plus heureuses que les précédentes; malgré tout cela, d'autres personnes croient toujours à la présence des trésors, mais affirment qu'il est impossible d'arriver jusqu'à eux, le diable prenant le soin d'éteindre toutes les lumières que l'on serait forcé d'allumer pour s'éclairer.


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