Dans la sacristie de l'église de Guin, on conserve soigneusement une corne de bœuf. Cette étrange relique rappelle le fait suivant :
Pendant les guerres que Fribourg eut à soutenir contre ses voisins, au XIVe siècle, il n'y avait, pour tous les hameaux épars dont se compose maintenant la grande paroisse de Guin, qu'une chapelle renfermant des reliques honorées d'un culte très populaire. Les paysans d'alentour, voyant l'ennemi piller et saccager les localités des environs, s'assemblèrent et tinrent conseil pour aviser au moyen de sauver ce trésor si cher aux croyants. Après mûre délibération, se défiant de leur propre prudence, ils les attachèrent solidement entre les cornes d'un boeuf et chassèrent l'animal des taillis. Livré à lui-même, le taureau s'enfuit assez loin et s'arrêta enfin en lieu de sûreté.
L'ennemi s'étant retiré, on retrouva heureusement ce singulier gardien avec le dépôt confié à sa bravoure. En mémoire de cet événement, on bâtit une église sur la même place où le bœuf fut découvert, et l'on y déposa ses deux cornes, comme un monument du service signalé qu'il avait rendu. Aujourd'hui, il n'en reste plus qu'une : l'autre fut perdue, dit-on, par la négligence de quelque marguillier, qui sans doute n'en connaissait pas le prix. Des jaloux prétendent que ce fonctionnaire l'a soustraite habilement pour en faire un cornet acoustique, instrument si nécessaire dans cette localité. Grave problème encore pendant au tribunal de la critique historique! [...]

