Un jour (ce fut pendant la guerre de trente ans) un commandant de troupes espagnoles prit le palatinat rhénan pour but de ses expéditions, et son armée approcha du bourg d'Oggersheim. Les habitants effrayés s'enfuirent précipitamment avec ce qu'ils avaient de mieux; de tous les hommes il ne resta qu'un seul, Jean Warsch, le berger qui ne voulait point abandonner sa femme nouvellement accouchée.
Lorsque les Espagnols parurent devant Oggersheim, le courageux berger, selon les coutumes de la guerre, ferma les portes de la ville, et du haut des remparts où il s'était posté, il répondit au trompette ennemi qui demandait la reddition de la place, que l'entrée serait immédiatement accordée aux Espagnols, si leur commandant assurait protection aux citoyens et respect à leurs propriétés; si ces justes propositions n'étaient pas agréées la garnison était décidée à opposer une résistance opiniâtre.
Le chef espagnol accepta ces conditions et donna sa parole d'honneur qu'il les ferait observer religieusement. Aussitôt Jean ouvrit la porte. Les guerriers ayant fait leur entrée à Oggersheim furent très étonnés de ne voir personne dans les rues. Ils le furent bien davantage en trouvant toutes les maisons vides à l'exception d'une seule dans laquelle était une femme avec son nouveau-né. Interrogé par le général, le berger déclara que les autres habitants avaient pris la fuite; mais que lui était demeuré pour ne pas laisser sans soins sa femme qui venait d'accoucher.
Tant de courage, tant d'attachement pour sa femme et pour son enfant touchèrent le général espagnol. Il loua la vaillance de Jean, remplit fidèlement les conditions de la capitulation et voulut même être parrain de l'enfant. Le baptême eut lieu, ce fut une fête joyeuse pour Jean Warsch.